J'ai été interpellé sur le sujet de la relation entre les grands groupes et les PME, mais j'interviendrai sur quelques points que vous avez évoqués, et d'abord sur le financement de l'immatériel. Le sujet a été bien abordé dans le dernier rapport de l'Observatoire du financement des entreprises publié en octobre 2017 ; il était fléché sur la question du financement de la transformation numérique. Globalement, le rapport fait apparaître que le système financier, notamment bancaire, est très à l'écoute du marché et du besoin qui peut s'exprimer en termes de financement de l'immatériel.
Le rapport pointe, parallèlement à la prise de conscience croissante des PME, la progression du nombre des entreprises qui se présenteront au guichet bancaire ou auprès d'autres acteurs financiers pour être financées. Nous ne sommes pas sûrs qu'au moment où cette demande se développera, l'offre sera en mesure de suivre. Prenons donc garde aux risques de désajustement, d'autant que, je le rappelle, nous enregistrons un retard sur le plan numérique et que la France accuse également un retard en matière de robotique. Sur tous les sujets liés aux nouvelles technologies, dès lors qu'il y a une impulsion au plus haut niveau de l'État et alors que les organisations professionnelles sont également mobilisées, on peut penser que les entrepreneurs seront de plus en plus demandeurs. Il convient, par conséquent, de s'assurer que nous serons en mesure de répondre à une telle demande malgré les contraintes qui pèsent sur les acteurs financiers.
J'en viens à la question posée sur la relation entre les grands groupes et les PME. Vous citez à juste titre l'exemple de la filière aéronautique comme un peu plus mature que les autres. L'ensemble des grands acteurs que sont Airbus, Safran ou Thales participent au dispositif PACTE PME ; à ce titre, ils ont la possibilité d'engager des actions positives en faveur des petites et moyennes entreprises.
L'initiative PACTE PME est une initiative « transfilière ». Un certain nombre d'acteurs sont conscients de la nécessité de nouer une relation très collaborative et d'aller de l'avant au sein de la filière ferroviaire. Depuis le mois d'octobre, nous avons monté chez Alstom un nouveau dispositif que nous avons appelé « Destination ETI ». Il a précisément pour vocation d'accompagner une trentaine de PME, dont un tiers est issu du secteur ferroviaire avec l'ambition de les faire monter en compétence, y compris pour les aider à amorcer le virage à l'international. Les discussions que j'ai pu avoir avec la Fédération des industries ferroviaires (FIF) m'amènent à penser que, sur les 1 400 entreprises du secteur ferroviaire, guère plus de 10 à 15 % sont capables aujourd'hui de l'amorcer. Pendant longtemps, elles ont été à l'abri car elles obtenaient des commandes des grands acteurs français. Mais le terrain de jeu s'est déplacé à l'international et dorénavant l'enjeu pour ces PME est leur capacité à s'y projeter. Nous les aidons modestement à notre niveau pour une dizaine d'entre elles, mais la prise de conscience est très forte, notamment chez Alstom, à la SNCF et à la RATP, de leurs responsabilités en la matière.