Les chiffres du capital-investissement pour les Hauts-de-France ou l'Île-de-France ne sont pas les meilleurs. Cela peut se comprendre pour l'Île-de-France qui ne compte que peu d'industries ou de petites industries. Quant à la région des Hauts-de-France, vous connaissez sa situation.
Peut-être le temps est-il venu de tourner la page de l'opposition entre petites et moyennes entreprises et les grands groupes. Sans doute, est-ce l'un des intérêts de la loi PACTE. Au travers des différentes auditions, nous avons vu que l'on pouvait progresser dès lors que l'on s'écoutait et que l'on réfléchissait ensemble sur des problématiques communes et riches. Cela me semble important. En tout cas, la CPME est très demandeuse de ce type d'encouragement de travailler ensemble, « en meute » comme disent les Allemands. Nous avons tout à y gagner, même avec les établissements financiers. Nous sommes placés devant une problématique de réussite nationale. Il faut que chacun y participe à sa mesure, dans le respect de ses sensibilités.
Vous nous avez tendu la perche en évoquant l'épargne des Français. Nous sommes demandeurs – et pas depuis le mois de janvier – d'une orientation de l'épargne vers les PME. Je le demande au nom de la CPME depuis 2010. Nous avons largement oeuvré avec les assureurs mais aussi avec les banques.
Nous devons progresser sur deux pistes prioritaires.
D'une part, il convient d'augmenter le plafond du plan d'épargne en actions PME. Nous n'étions pas favorables à ce produit tel que « marketé ». Nous avons besoin d'un plan d'épargne en actions PME clair, orienté et proposant un plafond plus élevé afin de répondre aux attentes de nos investisseurs – sauf contre-ordre. Le nombre d'actionnaires s'élève à plus de 3,5 millions en France, pour l'essentiel il s'agit de petits actionnaires. Il est important de souligner.
D'autre part, il faut nous attacher à réfléchir à la nécessité de mettre en place un produit d'épargne long, qui ne serait pas un produit d'optimisation fiscale, mais un produit à destination des petites et moyennes entreprises dans les territoires. Cessons de proposer des produits qui offrent la possibilité de « s'en mettre plein les poches », excusez-moi l'expression. Essayons de travailler en prospective, surtout quand il s'agit de l'industrie et de nos PME. Aidons les PME à la transmission, au développement et au franchissement de nouveaux seuils.
Mon dernier point portera sur le rôle du capital investissement dans les entreprises patrimoniales. Je préfère le terme « patrimonial » à celui d'« actionnariat privé » ou encore « individuel » Elle me semble plus noble. Elle correspond à une réalité. Il ne faut pas dévaloriser la transmission par l'héritage, qui fait également partie de la transmission de nos savoir-faire. Je pourrais vous citer l'exemple d'une entreprise familiale située à Saumur, et dont le président est François Asselin. Cette entreprise travaille le bois à l'international, notamment aux États-Unis et se porte très bien parce qu'elle est issue d'une belle famille de compagnonnage. Il faut encourager ces savoir-faire.
Cela étant, j'apporterai un bémol. Depuis plusieurs années, la relation de nos entrepreneurs vis-à-vis du capital investissement a évolué. Le private equity a modifié sa mentalité et ses modes d'intervention. Ils sont moins agressifs qu'auparavant quant à la gouvernance. Avant, lorsqu'un investisseur signait un chèque à l'entreprise, il avait « une prétention » à vouloir la diriger. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. C'est cette évolution des mentalités qui encouragera nos entrepreneurs à se tourner vers le capital d'investissement. En Île-de-France, beaucoup de ces entrepreneurs, hommes et femmes, lesquelles réussissent bien, font appel au capital investissement soit pour se développer à l'international, soit en transmission ou en rachat d'entreprise. Cela se passe extrêmement bien. Encore faut-il que leur projet entrepreneurial soit respecté. C'est essentiel.