Intervention de Bernard Cohen-Hadad

Réunion du jeudi 29 mars 2018 à 14h20
Commission d'enquête chargée d'examiner les décisions de l'État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d'entreprises intervenues récemment, notamment dans les cas d'alstom, d'alcatel et de stx, ainsi que les moyens susceptibles de protéger nos fleurons industriels nationaux dans un contexte commercial mondialisé

Bernard Cohen-Hadad :

M'adressant à des parlementaires, je relève que le meilleur signal pour les investisseurs passe par la stabilité normative. Moins il y a de lois modifiant les règles, plus on s'inscrit dans la durée, plus la confiance est grande et plus nos investisseurs investissent. Moins de lois, surtout fiscales et rétroactives, qui viennent perturber le fonctionnement de l'entreprise, plus on s'inscrit dans le sens de stabilité et de confiance.

Il convient par ailleurs de monter en dimension. À chaque barreau de l'échelle, la palette de financement doit proposer des petits, des moyens et des gros « tickets. Cela a pris du temps car pour les investisseurs, investir 3,5, 5 ou 20 millions d'euros revient parfois aussi cher en gestion qu'investir 200 millions d'euros. Il est important de reconnaître qu'il existe une rentabilité de l'écosystème de financement des PME. C'est pourquoi la palette de financement doit être ouverte. Les banques comme Bpifrance jouent le jeu de l'accompagnement de même que le private equity à tous les échelons afin que les entreprises gravissent les différents les seuils et grossissent.

Je rappelle que 40 % des investisseurs sont étrangers. Il existe une appétence du capital européen et international pour nos entreprises et nos savoir-faire, ces pépites, qu'elles soient licornes ou non, et qui peuvent accéder à une autre échelle. Il convient toutefois d'être attentif à nos objectifs de savoir-faire stratégique. Cela fait partie de notre gouvernance et relève de ce que l'on appelle « l'intelligence économique », il faut protéger nos entreprises qui ont su investir pour qu'elles ne soient pas pillées en raison d'une trop grande transparence et afin qu'elles ne soient pas mises en défaut.

Enfin, je rappelle, parce qu'elle n'a pas été citée, la bourse des PME Euronext dont je suis l'un des administrateurs. Elle fonctionne bien, mais pas aussi bien que nous le souhaiterions. Si les entreprises veulent lever des capitaux rapidement et sur le long terme, il faut qu'elles entrent en bourse. De telles décisions ne se prennent pas seul, mais en partenariat avec les établissements financiers. Si une entreprise veut être présente à l'international et concurrencer le marché outre-Atlantique, il faut expliquer la nécessité des small cap et des mid cap, ce qui permet ensuite à l'entreprise d'accéder à une autre dimension. Cela fait partie de la pédagogie. Encore faut-il un signal fort pour que cette bourse des PME, qui existe mais qui est encore laissée de côté – le terme de bourse est trop associé au risque – puisse accompagner les entreprises à small cap et mid cap. Nous assistons à de belles réussites, il y a de belles pépites. Malheureusement, on n'en parle pas assez !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.