On ne sait plus avec qui l'on parle dans ce débat !
Votre grand-père maternel d'heureuse mémoire, monsieur de Courson, qui siégeait ici, était un républicain incontestable puisqu'il a refusé de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Il n'en était pas moins un fieffé réactionnaire, qui avait voté contre la nationalisation des chemins de fer.
Cela vous conduit à passer à côté d'une réalité : à l'époque où ils ont été nationalisés, il n'y avait pas de concurrence. C'était un monopole. Or la concurrence change tout ! Elle change la nature des objets juridiques que nous mettons en place.
Tout le reste, ce sont des détails, y compris la discussion sur la dette – j'y viens dans un instant, et vais aussi vite que je peux.
C'est la concurrence, disais-je, qui entraîne la modification de la loi : c'est toujours comme cela que les choses se passent, par petites étapes. Vous ne pouvez pas venir avec vos gros souliers nous dire : « Allons-y, privatisons et virons tout le monde ! » Non ! Vous procédez par petits morceaux, comme on le fait partout en Europe : d'abord la concurrence, jusqu'au bout, laquelle impose de changer le statut des personnels, le salaire devenant la seule variable d'ajustement puisque le train, la technique, le rail et le prix de participation sont les mêmes pour tout le monde. Seule la pression sur les salaires permettra une différenciation : voilà pourquoi les futurs employés ne seront pas fonctionnaires.
Enfin, c'est après avoir installé cette concurrence que l'on viendra fort logiquement dire : « Nous avons besoin d'argent, mais nous ne pouvons le demander au contribuable ; allons donc le chercher en bourse, via une société privée. » Ce numéro-là, on l'a fait dix fois, vingt fois, en France et dans toute l'Europe !
Je termine sur la dette. Quel est votre problème, au juste ? Le chiffre de 50 milliards ? Il vous fait peur ? Que sont 50 milliards ?