Je vais répondre aux questions, monsieur le président, mais, suite aux propos de l'avocat du groupe, interlocuteur quotidien des autorités judiciaires pour ce qui est des échanges entre Alstom et le Department of Justice, je voudrais dire que je ne romance rien : je lis la presse, les déclarations de l'ancien ministre de l'économie, M. Montebourg, qui dit en substance, outre que je suis un menteur, un traître et un corrompu, et que je n'étais plus en état de diriger l'entreprise compte tenu de la pression physique qui s'exerçait sur moi. Je vous remercie d'avoir balayé d'un revers de main cette hypothèse. Une opération de stratégie industrielle que je considère avoir, in fine, sauvé des milliers d'emplois en France et des dizaines de milliers d'emplois dans le monde serait devenue une forfaiture : je l'aurais faite pour me protéger. Dans cette forfaiture, j'ai réussi à attirer le conseil d'administration, 99,2 % des actionnaires et la majorité des syndicats ! Écartons donc cette version !
Une deuxième version, tout aussi fausse, mais moins insultante à mon égard, consiste à dire qu'il s'exerçait une pression des autorités non sur ma personne à proprement parler, mais une pression économique sur l'entreprise qui aurait conduit à la cession à GE.
Monsieur le président – et pardonnez-moi si une erreur sur le change m'a conduit à un certain moment à parler de 600 millions plutôt que de 700 millions d'euros ; cent millions, c'est beaucoup d'argent, je le reconnais, même si, sur une transaction de 12,4 milliards, c'est quand même de second ordre – croyez-vous vraiment qu'on réalise une opération de 12 milliards pour régler une amende de 700 millions ? À ce propos, M. Vigogne a estimé que nous nous en étions bien sortis ; pour ma part j'ai trouvé que nous avions été sévèrement traités. Il est vrai qu'à cette époque les amendes infligées par le Department of Justice doublaient d'une année sur l'autre. D'autre part, je rappelle qu'au moment de notre discussion avec les Américains, la trésorerie d'Alstom était de 2,3 milliards et non de 1,5 milliard ; c'est pareil, mais vous m'avez repris pour 100 millions, permettez-moi de vous reprendre pour 800 millions.