En regardant en arrière, on se rend compte que l'on a parfois mis l'accent sur l'octroi de l'asile et l'absence de lutte contre le maintien des déboutés sur le territoire, mais que l'on a très peu insisté sur l'intégration. Pour ma part, je pense justement que les difficultés que nous rencontrons dans certains quartiers viennent du fait que nous n'avons pas, au départ, suffisamment mis l'accent sur l'intégration. Or certaines personnes auxquelles nous avions accordé le statut de réfugiés n'étaient pas prêtes à vivre dans notre société ; elles n'y trouvaient pas leur place et se retrouvaient, petit à petit, à ses marges. Pour regarder comme vous la réalité de certains quartiers, je sais qu'ils ont dégénéré pour cette raison. Nous ne pouvons pas dire que nous ayons progressé au cours des dix dernières années dans ce domaine.
Il faut essayer une autre voie pour faire en sorte que les gens qui vont rester ici aient le maximum de chances de s'intégrer dans notre société. C'est d'ailleurs pour cela que je défends cette loi. D'aucuns estiment que ce texte est liberticide et qu'il vise à réduire les possibilités d'accueil. Pour ma part, j'ai toujours pensé que si l'on veut bien accueillir les nouveaux venus et les intégrer dans notre société, on ne peut pas élargir l'accueil à l'infini. Il faut tracer des limites.
C'est pourquoi il faut fixer un délai de six mois pour répondre oui ou non, et ne pas conserver, comme actuellement, des périodes grises de deux ans ou deux ans et demi. Nous avons eu un débat sur l'accueil inconditionnel avec des gens qui contestaient le fait que des agents de l'OFII puissent évaluer la situation administrative des personnes hébergées dans des centres d'accueil d'urgence. En fait, certaines personnes étaient hébergées depuis quinze ans à l'hôtel. C'est totalement absurde. Face à ce genre de situation, il faut savoir trancher. Mais je comprends votre préoccupation.