Le sujet pourrait donc sembler simple. Il ne l'est pas. Il touche à l'humain. Il est donc, comme l'humain, d'une infinie complexité. Et à ce titre, il ne peut se satisfaire de la caricature. Il n'y a pas, d'un côté, les défenseurs d'une humanité sans bornes, et de l'autre, une administration froide qui ne réagirait qu'aux chiffres. Il est, par contre, des équilibres que même le coeur ne peut nous faire négliger.
L'asile est en danger s'il est détourné de son objet. Et c'est le cas. La crise est dans les chiffres : 100 000 demandes en 2017, 50 % d'augmentation en cinq ans. Elle est dans les procédures aussi : plus d'un an d'instruction, un taux de protection d'un tiers environ, et que deviennent les autres ? J'ai vu aux Restos du coeur des familles vivre plusieurs années dans un hôtel social – vous en parliez, monsieur le ministre – , à cuisiner au fond d'un champ sur un réchaud protégé du vent dans un carton. Peut-on le tolérer ?