Toutefois, l'idéologie de l'ouverture totale est encore plus dangereuse en France, car elle reste dominante dans l'expression publique. Elle a été très justement nommée par Pierre-André Taguieff « l'immigrationnisme, dernière utopie des bien-pensants ».
Les immigrationnistes pensent que l'immigration est toujours en soi une chance pour la France. Ils estiment qu'elle est par essence positive. Ils refusent l'idée même d'un droit de l'État-nation, car ils ne connaissent que les droits des personnes.
Ils refusent la légitimité et la légalité des frontières. Ils ne comprennent pas le choc de désintégration produit par l'immigration massive. Et comme l'immigration, à leurs yeux, est non seulement inéluctable mais souhaitable et va dans le sens de l'histoire, il est pour eux totalement impensable qu'on ne l'accepte pas comme un progrès.
Dès lors, la politique doit reculer, car il n'y a pas de place pour la délibération, la décision et le choix. Il faudrait applaudir – et il suffirait d'applaudir – au spectacle de la Providence qui, peu à peu, gomme la frontière, efface la distinction entre le national et l'étranger et va jusqu'à abolir la différence entre le légal et l'illégal.