Madame la présidente, monsieur le ministre d'État, madame la ministre, madame la présidente de la commission des lois, madame la rapporteure, madame la rapporteure pour avis, mes chers collègues, il est des moments dans l'histoire où ce qui se joue doit nous conduire à dépasser les préjugés et les dogmes, d'où qu'ils viennent. C'est bien à une telle situation que nous sommes aujourd'hui confrontés.
L'enjeu est simple et peut, en définitive, se résumer en une question : la France a-t-elle encore les moyens d'exercer sa souveraineté, dans un domaine essentiel, sa liberté de choisir qui elle veut accueillir sur le sol national ?
Ce défi majeur est lancé à notre pays, mais également à tous les pays de l'Union européenne. Quelques chiffres, quelques images résument la gravité de la situation, la détérioration du contexte international. Alors qu'elle compte aujourd'hui 1,2 milliard d'habitants, la population du continent africain devrait avoisiner les 2,5 milliards d'habitants en 2050. En 2030, le Nigeria comptera plus d'habitants que les États-Unis.
À cette croissance démographique exponentielle s'ajoutent le bouleversement climatique, l'explosion des grandes métropoles et la multiplication des conflits régionaux.
Pour toutes ces raisons – nous le savons et devons l'anticiper – , la pression migratoire aux frontières de l'Europe au cours des prochaines années ne cessera pas, pas plus que ne cessera sa croissance.
Mes chers collègues, le pire est devant nous, et nous ne pourrons pas y répondre en usant de vieilles recettes ou des mesurettes juvéniles. Les effets de la crise migratoire se font d'ores et déjà sentir dans notre pays, mais également, de façon dramatique, à nos frontières : ne l'oublions pas, plus de 3 000 migrants sont morts l'an passé en tentant de rejoindre les rivages du nord de la Méditerranée, souvent attirés par des discours dangereux sur l'ouverture généralisée de nos frontières.
Ces effets préoccupants se mesurent d'abord en termes quantitatifs : il n'est malheureusement pas excessif d'affirmer que nous avons perdu toute maîtrise tant de l'immigration légale que de l'immigration illégale.