C'est dans un contexte de forte pression migratoire que nous examinons le présent texte. Vous avez d'ailleurs rappelé à juste titre, monsieur le ministre d'État, que « certaines régions sont en train de se déconstruire parce qu'elles sont submergées par les flux de demandeurs d'asile ». Pourtant, comme l'a observé notre collègue Éric Ciotti, le texte que vous nous présentez ce soir porte des ambitions bien modestes au regard des défis à relever.
En effet, si nous le comparons à vos propos – lesquels expriment lucidement votre inquiétude quant à la crise migratoire inédite que traversent notre continent et notre pays – , il ne transformera qu'à la marge la politique actuelle d'immigration. Nous pensons comme vous que, si l'on ne fait rien, le pire est à venir. Notre pays a déjà délivré 262 000 titres de séjour en 2017, et l'on peut estimer qu'il abrite entre 300 000 et 400 000 immigrés clandestins, puisque 311 000 étrangers en situation irrégulière sont inscrits à l'aide médicale d'État. Le nombre de demandeurs d'asile, quant à lui, a également franchi un record, avec 121 000 demandes déposées en 2017. De même, selon la Cour des comptes, 96 % des déboutés du droit d'asile restent dans notre pays.
Dans un tel contexte, le groupe Les Républicains considère que le projet de loi n'est pas à la hauteur des enjeux auxquels il prétend faire face. Certes, notre collègue Éric Ciotti l'a rappelé, vous affichez certaines mesures de fermeté que nous approuvons, comme l'augmentation des durées de rétention et de retenue ; mais force est de constater que votre texte demeure insuffisant en l'état, au regard de la maîtrise effective des flux migratoires. J'en veux pour seule preuve votre souhait d'élargir aux frères et soeurs le regroupement familial, au bénéfice des mineurs non accompagnés, qui viennent bien souvent de pays où l'état civil est, soit inexistant, soit non consolidé.
Par conséquent, le groupe Les Républicains soutient la demande de renvoi en commission présentée par Éric Ciotti, afin que votre texte, monsieur le ministre d'État, permette une réelle maîtrise de l'immigration et ne se limite pas, comme l'a rappelé Guillaume Larrivé, à de petits ajustements technocratiques.