Même si cet article va dans le bon sens pour protéger les enfants, je souhaiterais plus généralement partager mon sentiment sur ce projet de loi, dont certains articles traduisent un recul de la conception du droit d'asile.
Relever le défi des enjeux migratoires aurait consisté à mener une politique de l'asile ambitieuse, non à en démanteler une partie. Or je crains que ce projet de loi ne justifie des traitements encore plus expéditifs, encore plus éloignés de la prise en compte de l'immense détresse humaine à nos portes. L'enjeu est certes immense mais l'utilitarisme et le pragmatisme politiques n'ont pas leur place en matière de droit fondamental d'asile. Chaque demande compte ; chaque existence qui va en dépendre compte.
En tant que médecin, j'ai prêté le serment d'Hippocrate, qui m'oblige, sans prérequis, à soulager la douleur humaine, partout où elle se manifeste. Je n'ai pas de considération pour la couleur de peau, la religion ou la régularité des papiers de celui qui souffre. J'avais une conception similaire de l'asile dans un pays qui proclame à qui veut l'entendre qu'il est celui des droits de l'homme. Or le présent projet de loi ébranle cette conviction : il me semble que nous nous parjurions en cédant à la crainte du migrant, qui, avant d'être un étranger, est un être humain, comme chacun d'entre nous ici.