Soyons clairs : les mutilations sexuelles sont un drame. On l'a dit et on le redit, dans le monde, plus de 200 millions de femmes sont victimes d'excision ou d'infibulation, ces exactions étant concentrées dans une trentaine de pays, principalement africains, mais pas seulement.
Alors, oui, je pense à toutes ces petites ou jeunes filles, à toutes ces femmes qui ont été blessées dans leur intimité ; je pense notamment aux 91 % de femmes maliennes, aux 30 à 40 % de femmes ivoiriennes et aux 50 à 60 % de femmes burkinabées excisées, mais aussi à celles d'Irak, d'Indonésie et de partout où elles subissent cette mutilation.
Ces précisions sont importantes, tant il règne ici une suspicion d'inhumanité, d'absence de compassion à l'encontre de ce côté de l'hémicycle. Alors oui, ces mutilations sexuelles doivent être condamnées partout, y compris lorsqu'elles se pratiquent en France. Et même si je m'éloigne du sujet qui nous préoccupe, je ne peux pas m'empêcher de rappeler que trois adolescentes sur dix venant d'un pays pratiquant l'excision et résidant dans notre pays sont menacées de subir des mutilations sexuelles, notamment lors de vacances dans le pays d'origine de leurs parents.
Ces mutilations doivent être condamnées, mais elles ne peuvent pas pour autant faire l'objet d'un critère automatique de recevabilité de demande d'asile. Or les alinéas 7 et 8 de l'article 3 risquent d'aller à l'encontre de votre objectif et d'encourager la pratique de ces mutilations, ainsi qu'un trafic de la misère toujours plus sordide, dès lors que ceux qui en vivent auront compris qu'ils tiennent là un nouveau filon pour voir les demandes d'asile acceptées.