Nous venons d'entendre beaucoup d'échanges fondés sur des a priori intellectuels. Je voudrais ramener notre débat à des considérations très concrètes.
Les faits sont têtus, et ces faits, ce sont que des femmes et des hommes perdent leur famille, fuient les guerres, fuient des régimes dictatoriaux. D'après les chiffres publiés en juillet 2017 par le ministère de l'intérieur, les pays d'origine des demandeurs d'asile les plus représentés sont le Soudan, l'Afghanistan, la Syrie, la République démocratique du Congo, le Bangladesh… Bref, ce sont des pays où l'existence est rude et la démocratie souvent malmenée.
Face à cela, il y a une autre réalité : chaque agent de l'OFPRA doit traiter, chaque année, environ 400 dossiers ; avec 250 jours ouvrés, cela revient à presque deux dossiers par jour. Personne dans cet hémicycle n'est pas capable de faire un tel travail ! Malgré tout le talent que l'on peut reconnaître aux agents de l'OFPRA, il n'est simplement pas possible d'examiner sérieusement deux dossiers par jour.
C'est pourquoi nous proposons de faire l'expérience d'un dispositif innovant : « un agent, un dossier, un jour ». Bien sûr, cela implique de créer des postes. Mais ces gens dont la situation est souvent inextricable méritent qu'une journée leur soit consacrée.
Voici la réalité concrète, au lieu du fatras de bavardages que nous entendons depuis le début des débats. Si nous voulons accueillir les migrants dans la dignité, y compris en prenant la responsabilité de refuser des demandes d'asile, alors il faut au moins que chaque situation soit examinée sérieusement !
C'est en fonction de l'accueil que vous ferez à cet amendement que nous jugerons de votre volonté réelle de proposer, comme vous ne cessez de le répéter, un accueil digne à ceux qui font le choix de demander l'asile dans notre pays.