Intervention de Nicolas Kayser-Bril

Réunion du mardi 6 mars 2018 à 9h00
Groupe de travail sur la démocratie numérique et les nouvelles formes de participation citoyenne

Nicolas Kayser-Bril :

L'idée selon laquelle il suffirait d'appuyer sur un bouton pour lier les données budgétaires à toute la documentation parabudgétaire et avoir ainsi les réponses aux questions que se posent les citoyens sur l'allocation des ressources me paraît utopique pour toutes une série de raisons, à commencer par tout ce qui touche à la rémunération des personnels : pour savoir ce que représente budgétairement tel ou tel équipement sportif, il faut connaître le temps qu'y auront consacré les agents publics. Or ce temps n'est jamais enregistré. Pour obtenir les bonnes réponses, il faut donc faire de la comptabilité analytique, ce que fait très bien la Cour des comptes – ce serait mieux si ses rapports étaient communicables –, ou ce que font tous les cabinets de conseil. Mais tout cela coûte énormément d'argent. Il est bien évident que les citoyens ne peuvent faire cela tout seuls.

La LOLF a-t-elle changé quelque chose en la matière ? J'ai la chance de ne pas travailler que sur la France, et donc de pouvoir comparer le budget de l'État français à celui de vingt-huit autres collectivités nationales. Il est vrai que les budgets publics français sont les mieux organisés, et ce depuis les années cinquante, pas seulement depuis 2001. Certes, la comptabilité publique française est extrêmement moderne, mais il est plus intéressant de s'interroger sur le lien entre les données et leur utilisation : malgré cette excellence – il est effectivement très agréable d'analyser les données budgétaires françaises –, il est difficile de travailler quand on voit des députés en peignoir avec des billets de 200 euros dans leurs poches, dont personnes ne sait d'où ils viennent.

À l'inverse, la comptabilité publique en Allemagne est proprement exécrable, beaucoup d'institutions n'ont même pas de comptabilité à double entrée : autrement dit, elles en sont encore au Moyen âge. Mais il est bien plus facile de travailler avec les Allemands et d'obtenir une réponse aux questions que l'on se pose car ils sont totalement transparents et leurs représentants ne se baladent pas avec des billets de 200 euros dans les poches de leur peignoir…

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