Intervention de Renaud Duplay

Réunion du mardi 3 avril 2018 à 9h00
Groupe de travail sur la démocratie numérique et les nouvelles formes de participation citoyenne

Renaud Duplay, sous-directeur de la première sous-direction de la Direction du budget au ministère de l'action et des comptes publics :

Je suis pleinement d'accord avec le format des données visuelles. Nous sommes encore balbutiants car il faut bien avoir à l'esprit que l'administration n'a pas de prise de parole publique officielle. Ce n'est pas notre rôle et cela ne doit pas l'être : c'est notre ministre qui parle officiellement, et nous sommes au service de notre ministre. Il est cependant vrai que, si nous voulons animer une information au quotidien, il faut définir la zone de communication dans laquelle l'administration a vocation à agir sans obtenir une validation. Tout ce que nous produisons est par définition politique. Les finances publiques sont sans doute l'élément le plus politique qui soit ; elles relèvent des choix fondamentaux et de l'orientation du Gouvernement.

Nous avons un site internet, « performance-publique. gouv.fr », sur lequel il y a tout, mais ce n'est pas le site le plus agréable qui soit. Je m'en plains moi-même régulièrement ; j'espère que les personnes qui y travaillent durement ne m'écoutent pas… Nous avons lancé un chantier pour que l'internaute ne se perde plus au milieu de toute cette information, car on y trouve aujourd'hui ce que l'on veut quand on sait ce que l'on cherche. Je pense que c'est un enjeu pour tout ministère des finances. On peut assurément mieux utiliser ces éléments de communication.

Notre travail étant, au quotidien, dans la technique, nous avons besoin d'intermédiation pour le travail de communication. Les parlementaires sont là pour le faire, mais il y a aussi des gens dont le métier est de vulgariser. Si nous devions employer toute notre énergie à vulgariser, nous ne pourrions plus faire notre métier. Nous avons besoin de cette intermédiation et, en venant, je repensais à l'émission de télévision « C'est pas sorcier »: nous pourrions peut-être demander à Fred et Jamy d'assurer la communication des finances publiques (Sourires.) ou en tout cas de nous aider à l'assurer, à attirer l'oeil et l'oreille, à faire prendre conscience aux gens des enjeux.

Il faut aussi consulter nos concitoyens pour savoir ce qui leur parle, et s'ils adhèrent ou non au message. Le discours permanent est qu'il faut redresser les finances publiques ; si les citoyens n'y adhèrent pas, nous ne pourrons y arriver. C'est un enjeu capital de s'assurer que le message que l'on diffuse suscite une adhésion, et nous sommes sans doute encore, de ce point de vue, trop techniques. Cela passe par une démarche consistant à tester les supports, tout en ciblant, sans doute, public par public. La documentation pour les experts existe ; c'est plutôt la documentation plus compréhensible, plus directe, pour des journalistes ou autres, qui doit être développée. Quand nous préparons le PLF, sur lequel nous dépensons beaucoup d'énergie, nous constituons un dossier de presse, et il peut être assez frustrant, en ouvrant le journal le lendemain matin, de voir que les journalistes ont produit des graphiques plus sympathiques que les nôtres et ont su présenter en une page les grands enjeux, ce que nous n'avions pas su faire de manière aussi parlante et frappante.

Une partie du problème, c'est que le débat est toujours autour de la nécessité de fournir plus d'information. C'est aussi, très régulièrement, le sens des demandes du Parlement : produire encore plus d'information. Cela demande de l'énergie, pour maintenir le niveau de qualité d'une information relativement technique, précise, documentée. Il existe, par exemple, de très nombreux documents annexes au PLF, les « jaunes », qui sont demandés régulièrement, sur la politique de l'environnement de manière transversale ou autre… Ces documents demandent énormément de travail et je ne suis pas certain qu'ils soient totalement exploités ou que leur utilité soit aussi grande que ça. Donc, d'accord pour plus d'information mais aussi pour mieux d'information, en se demandant quelle information aujourd'hui produite n'est pas utile ou dont la plus-value est faible, qui peut ne plus être demandée, au profit de celle que l'on demande en échange, car il vient un moment où la demande de toujours plus de rapports – qui s'ajoutent aux 5 000 pages déjà produites régulièrement – ne remplit plus l'objectif d'une meilleure information.

Il existe assez peu de modèles, je vous rassure. Je pense que la question porte moins sur les modèles macroéconomiques que sur la façon dont le chiffrage technique des propositions des parlementaires peut être réalisé. Certains pays se sont dotés de structures spécifiques au sein de Parlement pour disposer de cette expertise, et en disposer librement. L'administration est au service de l'exécutif, donc tout ce qui est produit demeure une position officielle de l'exécutif. Quant à une mise à disposition des services de l'État aux parlementaires, ce travail se fait, comme ce matin, dans le cadre de missions et de commissions, mais au moment de la préparation d'amendements cela me semble plus difficile.

S'agissant de la question de savoir si nous consultons les citoyens, la réponse est dans la question : pas encore suffisamment.

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