Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du vendredi 20 avril 2018 à 21h30
Immigration maîtrisée droit d'asile effectif et intégration réussie — Article 11

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Dans un esprit constructif, je défendrai simultanément les amendements nos 926 et 927 . Dans le cadre de l'examen du présent projet de loi, vous avez prétendu à plusieurs reprises, monsieur le ministre de l'intérieur, traiter la question de l'asile et de l'immigration avec humanité et fermeté.

L'article 11 est pourtant un concentré de cynisme, notamment parce qu'il prévoit que toute personne ayant essuyé un double refus de sa demande d'asile et de sa demande de titre de séjour doit faire l'objet d'une obligation de quitter le territoire français.

En réalité, l'administration chargée d'étudier ces demandes simultanées peut – mais ne doit pas nécessairement – prendre une mesure d'OQTF. L'article 11 prévoit l'automaticité de celle-ci, ce qui ne permet pas à l'administration d'étudier l'histoire de chacun, avec ses particularités, alors même que cela pourrait éviter le recours à une telle procédure arbitraire. Il prévoit également d'étendre les motifs d'interdiction de retour sur le territoire français.

Avec ces deux amendements, nous proposons de supprimer ces mesures liberticides, qui placent les personnes dans une situation d'incertitude et de crainte constante, ce qui les incite à vivre dans la clandestinité.

Dans mon département, huit jeunes majeurs ont fait l'objet d'une OQTF. Ils sont scolarisés et vivent bien souvent dans des situations qu'expliquent le regroupement familial et le droit à la vie familiale et privée. D'après les associations, notamment RESF – Réseau éducation sans frontières – , tel n'était pas le cas il y a deux ans. Il s'agit donc d'une aggravation de leur situation.

Parmi eux se trouve une jeune fille de vingt-six ans, scolarisée au micro-lycée de Vitry-sur-Seine, Mamécogna. Elle a fui le Sénégal afin d'échapper à un mariage forcé. Le gouvernement dont vous êtes membre, monsieur le ministre d'État, évoque sans cesse les droits des femmes. Pourtant, sa demande d'asile a été refusée au motif qu'elle était majeure lors de ce mariage forcé et qu'elle aurait pu le refuser, ce qui est une méconnaissance complète de la situation dans laquelle elle se trouvait. Aujourd'hui, malgré ses quatre ans et demi de présence en France, malgré le fait qu'elle soit scolarisée, elle est sous le coup d'une OQTF. Tout cela prouve bien l'absurdité de la situation.

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