Je commence en citant les mots qu'a choisis le Conseil d'État pour décrire le problème que vous prétendez résoudre. Celui-ci regrette « les difficultés inextricables qui envahissent, dans les matières traitées par le projet de loi, la définition des compétences respectives du juge de l'asile [… ] et du juge administratif de droit commun ». « Les étrangers, les services en charge de la gestion de l'asile et du séjour et les juridictions ne peuvent que déplorer cette complexité toujours croissante, à laquelle le projet de loi, loin de remédier, ne fait qu'ajouter des couches supplémentaires. »
L'allongement de soixante-douze à quatre-vingt-seize heures, à compter de l'expiration du délai de recours, du délai accordé au juge administratif pour statuer sur les OQTF assorties d'une mesure de surveillance est un trompe-l'oeil.
La juridiction administrative souffre en matière de contentieux des étrangers d'un problème de moyens, monsieur le ministre d'État. Ce n'est pas en ajoutant vingt-quatre heures supplémentaires au délai de jugement que vous le résoudrez.
Du début à la fin de ce projet de loi, la seule et unique préoccupation du Gouvernement est d'éloigner le plus grand nombre de personnes du territoire national et de faire des économies de bout de chandelle, alors même que ces décisions coûtent cher aux personnes concernées et aux finances de l'État et que, comme l'a rappelé récemment le Défenseur des droits, il n'y a pas de crise de l'immigration.