C'est pour nous aussi un moment important, un moment grave. Je suis d'accord avec Mme Karamanli : il y a de l'émotion. Je sais bien qu'on nous renvoie parfois au camp de l'émotion, de l'humanisme ; j'ai même entendu parler de « droit-de-l'hommisme » et d' « immigrationnisme » ; toutefois, je ne veux pas me défaire de ce sentiment, car je pense que la raison peut s'allier à l'émotion. En l'occurrence, dans cet article – comme dans l'ensemble du texte – , les deux manquent.
Tous les arguments avancés par le Gouvernement à l'appui de ce projet de loi se ramènent aux mots-clés « efficacité », « fermeté » et « humanité », mais dans les faits il n'y a rien de tout cela : ce ne sont que des concepts abstraits, sans lien avec la réalité.
L'article 16, comme l'ensemble du projet de loi, est très grave ; il l'est d'autant plus qu'il ne répond même pas aux objectifs que vous vous fixez. Il est dangereux pour les libertés de toutes et tous. Dès son entrée en vigueur, des hommes, des femmes et des enfants pourront être enfermés pendant quatre-vingt-dix jours : oui, pour nous, c'est un moment grave, émouvant, insupportable.
J'espère qu'au moment d'appuyer le bouton du boîtier de vote électronique, tous nos collègues s'interrogeront sur le sens de leur choix. Je crois que tout homme, toute femme, est d'abord l'enfant qu'il fut : à la pensée que des enfants subiront ce type de traumatisme,