Le présent amendement est, lui aussi, issu du terrain. Nous n'avons droit qu'à des avis défavorables, sans aucune explication sur la manière de répondre à la crise migratoire qui agite le Calaisis, voire de la résoudre, si ce n'est en augmentant le nombre d'hommes présents. Or nous savons bien que c'est une course à l'échalote : plus on déploie d'hommes sur place, plus il y a de migrants et, plus il y aura de migrants, plus on déploiera d'hommes, et ainsi de suite.
L'amendement vise donc à donner des moyens concrets à l'État, qui se fait régulièrement condamner pour manquement à la dignité humaine à Calais, par l'ONU, par son propre Défenseur des droits ou par le tribunal administratif. Ceux-ci demandent notamment d'installer des douches et des latrines, alors même que l'État refuse la création de tout point de fixation – sur ce point, monsieur le ministre d'État, vous avez parfaitement raison. La réalité est que vous avez ouvert des centres, les CAES, dont la plupart ne sont pas pleins à 100 %, en particulier dans le Pas-de-Calais. Or les migrants présents dans le Calaisis refusent d'y aller. C'est tout de même assez cocasse : nous nous faisons condamner par l'ensemble des instances nationales et internationales pour manquement à la dignité humaine, parce que nous ne donnons pas à manger et à boire aux migrants et que nous ne leur offrons pas des conditions de vie adéquates, alors qu'il y a, à une centaine de kilomètres de là, des centres qui ne sont pas pleins.
Le présent amendement vous permettra, monsieur le ministre d'État, de disposer d'un moyen de coercition : vous pourrez inciter fortement les migrants en situation irrégulière présents sur le territoire de la République française à ne pas refuser le placement dans l'un de ces centres. Nous satisferons ainsi la double exigence que vous affichez depuis le début de l'examen de ce texte, à savoir l'humanité – puisque vous offrez un abri aux migrants et leur donnez à manger et à boire – et la fermeté – il faut, à un moment donné, cesser de se faire défier par des associations qui, comme c'est le cas à Calais, font de la contre-information et incitent les migrants à ne pas aller dans ces centres.
L'objet de l'amendement est donc le suivant : tout migrant qui refuserait un placement en centre d'accueil proposé par la France serait automatiquement placé en centre de rétention administrative. Il s'agit d'un amendement équilibré, alliant humanité et fermeté.