L'article 30 comprend les dispositions sans doute les plus cyniques de ce projet de loi, dont l'enfant sera une victime collatérale. En effet, par cet article, vous punissez l'enfant si son parent français ne subvient pas à ses besoins. Cela arrive, malheureusement : dans ces cas l'autre parent, souvent une mère victime de violences, est placé dans une situation précaire, alors même qu'elle s'occupe des enfants.
Dans ce cas vous punissez l'enfant en le privant d'identité et des droits qui y sont attachés, tant que l'administration n'a pas reconnu la véracité de la filiation, qui est mise en doute a priori dès lors que l'un des parents est étranger. Avec cette disposition, vous créerez temporairement des enfants sans identité, des enfants-fantômes.
La CIMADE a rapporté l'exemple d'une personne ayant obtenu huit récépissés en deux ans pendant l'enquête en reconnaissance de paternité. Pendant ces deux années, le doute a persisté sur le nom de famille et la nationalité de l'enfant, qui s'est donc retrouvé sans identité pendant cette période. Nous nous opposons à cet article qui témoigne de la volonté de punir même les enfants : c'est pourquoi nous demandons sa suppression.