Parce que l'humanité de demain se prépare par l'accueil d'aujourd'hui, en traitant des causes qui font que des êtres humains sont obligés de fuir.
Votre texte est celui de l'expulsion, de la répression. Vous estimez qu'il sera dissuasif pour ces personnes qui sont obligées de fuir. Mais qui peut encore le penser aujourd'hui, notamment en songeant aux déplacés climatiques ?
Il convie également ce terme affreux, entendu plusieurs fois dans l'hémicycle, d'« appel d'air » – quelque chose qui n'existe pas, mais qui est agitée en permanence, comme un chiffon noir.
Nous ne sommes pas confrontés à une crise de l'accueil, mais à une crise migratoire. Aujourd'hui, les migrations, doit-on le rappeler, s'effectuent majoritairement du Sud vers le Sud. Pour celles et ceux qui veulent rejoindre l'Europe, rappelons que migrer tue : la belle Méditerranée est aujourd'hui une frontière qui fait des milliers de morts.
Mais pour asseoir la réduction des droits dans ce projet de loi, il vous fallait bien installer l'idée de « submersion », terme utilisé depuis des décennies par l'extrême droite. Cela vous permet de justifier un enfermement des enfants en centres de rétention deux fois plus important ! Je veux vous dire à quel point cela affaiblit notre pays. Cela affaiblit le pays des droits de l'homme et donc sa parole à l'échelle internationale, pour faire respecter le droit partout. Ainsi, vous ne fortifiez pas la justice, vous justifiez la force.
La France n'a pas pris sa part de solidarité dans toute l'Europe. Ce soir, je pense à toutes celles et tous ceux qui se sont battus et qui continueront de se battre contre cette loi, contre la réduction des droits. Je pense à des migrants que j'ai rencontrés pour préparer ce débat car, pour eux, la suite risque d'être compliquée.
C'est donc avec gravité et une forme de rage froide que nous allons vous regarder voter ce texte. Mais c'est déterminés, combatifs et résolus, aux côtés de ceux qui sont pour le droit, pour la justice et pour la paix, que nous voterons contre ce texte.