Il est inutile, car il ne réglera aucun des sujets qu'il est censé traiter. Faire passer les délais de rétention des étrangers, dont des enfants, dans les centres administratifs, de quarante-cinq à quatre-vingt-dix jours ; diminuer les délais de recours, à l'encontre même des préconisations du Défenseur des droits et du commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe ; accélérer les procédures au détriment de l'examen au fond ; fragiliser les droits des personnes pour les dissuader d'exercer des droits reconnus par le droit international : tout cela ne permettra pas de faire quitter le territoire à ceux qui ne pouvaient le quitter auparavant, à défaut d'un pays d'accueil ou de transit. Ces dispositions risquent même de mettre à la rue de nouveaux réfugiés.
C'est, par ailleurs, un texte de régression, pour au moins trois raisons. Tout d'abord, il fait reculer les droits de ceux qui devraient rester. Toutes les autorités internationales indépendantes, françaises et européennes, ayant eu pour vocation de faire prévaloir le droit des personnes, en ont souligné les dangers. Il constitue une erreur colossale de diagnostic et n'assure aucune thérapie. Mécaniquement, si la police est mobilisée, si les autorités chargées des demandes de protection humanitaire sont encore plus fortement sollicitées, si les centres de rétention accueillent plus de monde, il y a des chiffres, et du chiffre. Le thermomètre marquera une hausse d'activité. Mais l'évolution symptomatique ne traduira rien du traitement au fond de la crise migratoire.
C'est aussi un texte de régression, eu égard aux croyances de ceux qui ont écouté les propos d'un candidat à la présidence de la République.