Mais en même temps, comment ne pas voir que l'on ne peut pas avoir un monde ouvert ? Comment se résoudre à ne pas faire la distinction entre, d'un côté, ceux qui ont besoin de protection, parce qu'ils sont réfugiés des théâtres de guerre, persécutés pour des raisons ethniques et religieuses, et de l'autre, ceux qui arrivent ici poussés par la misère ? Non, vous le savez bien, il serait impossible de ne pas faire cette distinction, et nous la faisons de la manière la plus humaine possible. En six mois j'ai eu l'occasion de le dire : à celles et ceux qui seront réfugiés chez nous, on donne la possibilité de construire très vite un avenir en France ; en même temps, on fait en sorte que les personnes qui seront déboutées ne perdent pas le contact avec leur pays. Lorsque nous disons, même si cela a déplu à certains, que dans les centres de rétention, nous proposerons l'aide au retour volontaire, nous voulons que ceux que nous aurons déboutés ne soient pas simplement chassés, mais qu'ils puissent, eux aussi, reconstruire un avenir chez eux. C'est cette position-là que nous défendons ; je ne sais pas si elle est équilibrée, mais je sais qu'elle est juste et humaine.