L'IRDES est un institut de recherche. Quand je parle d'évaluation, je fais état de travaux effectués par des chercheurs, publiés dans des revues scientifiques et fondées sur des méthodologies validées. De telles évaluations permettent de produire des conclusions établies d'un point de vue scientifique.
Quand on veut apprécier l'effet d'une politique publique, il est important d'avoir un groupe de contrôle. Or il n'y en a pas dans la plupart des évaluations menées, ce qui peut conduire à des contresens. Prenons l'exemple des maisons de santé dans les zones rurales. Si l'on observe seulement l'évolution de la densité médicale dans les endroits où sont installées les maisons de santé, on va constater qu'il n'y a pas d'amélioration. On va alors en conclure qu'elles ne servent à rien. Si l'on dispose d'un groupe de contrôle, on pourra observer deux zones rurales comparables à tous points de vue – ce qui pose des questions méthodologiques assez complexes que je ne vais pas exposer ici –, dont l'une possède une maison de santé et l'autre pas. On peut alors se rendre compte que les tendances sont différentes d'une zone à l'autre en matière de densité médicale. Cette différence s'appelle l'effet du traitement, en l'occurrence l'effet de l'organisation des soins dans le cadre d'une maison de santé.
De tels groupes de contrôle seraient nécessaires pour évaluer l'effet des incitations financières. On aurait envie d'observer des territoires comparables, les uns ayant bénéficié d'incitations financières et les autres pas.