Dès le plus jeune âge, il faut combattre les stéréotypes sexistes, car là se joue l'intériorisation des rôles, masculin et féminin. L'éducation, ce que nous transmettons aux enfants, contribue à la perpétuation des rapports sociaux profondément inégalitaires entre les sexes et les sexualités : nous le savons au moins depuis Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir. C'est, par exemple, ce dictionnaire pour enfants qui illustre ainsi sa définition du mot « bain » : « Le Président prend un bain de foule. Jeanne prend un bain de soleil ». C'est aussi ce rayon de jouets pour Noël d'un grand magasin où l'on voit écrit, sur un étalage aux tons bleus : « Je suis un héros » et, sur le rayon voisin, tout rose : « Je suis une princesse ».
Le journal L'Express publie cette semaine une enquête édifiante sur les rapports entre filles et garçons à l'école. L'éducation à la sexualité en milieu scolaire est prévue par la loi depuis 2001, mais n'est pas encore réellement appliquée. « Nous sommes loin du compte », a asséné le Défenseur des droits, Jacques Toubon. Non seulement ce dispositif n'est toujours pas mis en place partout, mais, dans 64 % des cas, l'éducation à la sexualité est déconnectée de la question de l'égalité entre hommes et femmes. C'est pourquoi nous proposons de l'intégrer au socle commun des connaissances transmises à l'école – dans toutes les écoles. Bien sûr, les enfants vivent dans notre monde, avec ses représentations sexistes. Écoutez ce répondeur d'un hôtel-restaurant à Paris : « Pour la réception, tapez 1, pour réserver une table, tapez 2 et, pour les serveuses, tapez, mais pas trop fort. »