Par cet amendement, nous proposons de rendre imprescriptibles les crimes et délits sexuels commis envers des personnes mineures. Compte tenu de la gravité des actes, des difficultés réelles rencontrées par les victimes au moment de déposer plainte contre les crimes ou délits subis, et des traumatismes psychologiques conduisant à une amnésie dissociative, l'imprescriptibilité de l'action publique de ces crimes doit se substituer à l'actuel délai de prescription.
Il s'agit à mon sens d'une démarche protectrice : nous devons protéger nos mineurs, en marquant fortement notre volonté d'inquiéter les auteurs – ou auteurs potentiels – de crimes ou de délits sexuels à l'égard d'enfants.
On nous répond qu'il faudrait réserver aux seuls crimes contre l'humanité la sacro-sainte imprescriptibilité. Mais la France pourrait, de façon ambitieuse, en s'inspirant de la législation de l'Angleterre et du Pays de Galles, surprendre la communauté internationale en l'étendant aux crimes et délits sexuels sur personne mineure. Par cet acte fort, elle ferait certainement ici et là des émules.
Pour ma part, je ne me résoudrai jamais à considérer que le temps puisse faire son oeuvre pour les uns, et pas pour les autres, a fortiori quand il s'agit de mineurs victimes d'atteintes sexuelles. Léo Ferré chantait : « Avec le temps, va, tout s'en va. » Tout s'en va, oui, pour le bourreau, qui se sait « blanchi comme un cheval fourbu », et qui « se sent tout seul, peut-être, mais peinard ». La victime, au contraire, se sent glacée « dans un lit de hasard » et se sent flouée « par les années perdues ». Alors il est vrai, comme chante Ferré, qu'avec « le temps on n'aime plus ».
« Avec le temps, va, tout s'en va », madame la secrétaire d'État ; mais la vraie question est de savoir pour qui, et pour quoi.