Nous entendons bien, madame la rapporteure, madame la secrétaire d'État : nous avons tout faux, il ne faut pas caricaturer ce débat important, nous aurons toujours tort de répéter cent fois la même chose. Mais pourquoi avons-nous tort ? Parce que nous sommes dans l'opposition ? Parce que vous êtes majoritaires, vous détenez forcément la vérité ? En l'occurrence, ce sont plusieurs groupes qui vous alertent sur une même question. Peut-être y a-t-il une raison ?
En 2018 – le temps a passé très rapidement – , savez-vous ce que l'on dit à une gamine victime d'un viol, qui rentre à la maison et annonce à ses parents ce qui vient de lui arriver ? « As-tu des preuves ? As-tu refusé ? Es-tu sûre que nous pourrons bien nous défendre ? Ne mens-tu pas ? » Et si, en plus, le violeur a une grande influence, on dira à la gamine ou au gamin : « Laisse tomber, on va perdre ! » L'enfant sera culpabilisé faute de pouvoir prouver qu'elle a raison.
Lorsqu'un enfant est victime d'un viol – parce que cela s'appelle ainsi – , c'est rarement sur la place publique, devant cinquante témoins. Généralement, il n'y a que l'enfant et l'adulte. À un moment donné, il faut que les enfants puissent avoir la parole, que des personnes les défendent sans qu'ils soient culpabilisés faute de preuve, de certitude, de telle ou telle tenue qui expliquerait leur sort. En 2018, une ou un enfant qui se fait violer ne doit pas avoir à prouver qu'il l'a été : c'est une victime !