Monsieur le ministre, je vous remercie de convoquer en séance publique les États généraux de l'alimentation qui, de l'avis de tous, furent une réussite associant tous les acteurs dans un bel état d'esprit. C'est cet état d'esprit qui doit présider à nos débats, car les États généraux ont suscité des espoirs de la terre à l'assiette – une expression que n'aurait pas reniée Olivier de Serres, illustre ardéchois, père de l'agronomie, dont nous célébrerons en 2019 le quatre centième anniversaire de la disparition.
Les attentes sont fortes dans le monde agricole, car jamais les incertitudes n'ont été aussi nombreuses. La question qui nous est posée est simple : comment améliorer le revenu des agriculteurs ? Comment assurer un revenu décent à ceux qui travaillent tant, alors que la France ouvre aux quatre vents ses marchés agricoles en vertu des accords commerciaux avec le Canada ou le Mercosur, que le budget de la PAC fait l'objet d'une remise en cause sans précédent, que les agriculteurs subissent une pression administrative grandissante, à laquelle s'ajoute l'allongement des délais de paiement, et qu'une technocratie déconnectée des réalités du terrain va jusqu'à proposer d'interdire l'utilisation du cuivre. Monsieur le ministre, l'interdiction du cuivre, c'est la fin de la viticulture et de l'agriculture biologique. Nous vous invitons à plaider avec fermeté pour le renouvellement de l'homologation du cuivre par la Commission européenne.
Alors que la plus grande centrale d'achat est en train de voir le jour dans notre pays, le texte ne va pas assez loin dans la limitation de la concentration en matière d'achat. L'agriculture française est riche de ses filières, de ses terroirs et de ses savoir-faire. Cette diversité fait sa force, mais l'atomisation qui en découle est aussi une faiblesse face à l'hyperconcentration de la distribution. C'est le pot de fer contre le pot de terre. C'est ce rapport de forces qu'il nous faut inverser. Pour atteindre sa cible – le juste prix pour les producteurs – , le texte doit encore beaucoup évoluer.