Absolument. À chaque entraînement et à chaque décollage réel, nous vérifions que le temps prévu a bien été tenu. D'ailleurs, le temps écoulé est souvent inférieur au temps prescrit. Nous disposons alors d'une marge étroite. C'est ainsi qu'en cas de difficulté avec un avion, le pilote dispose du temps nécessaire pour en changer, et même dans ces cas-là, le plus souvent, les temps sont tenus. Cela dit, il est rare que ce cas de figure se produise.
Tout dépend des indices dont nous disposons. Si un indice nous laisse penser qu'une situation est en train de dériver, sans que rien toutefois soit encore déclaré, nous pouvons abaisser ce temps de réaction. En pleine journée, le contrat est de sept minutes. Ce délai fait partie des éléments que nous dévoilons rarement car plus nous sommes précis, plus nous suscitons des réflexions approfondies sur nos modes d'action.
Les pilotes sont situés dans un bâtiment à proximité de l'abri de l'avion ou de l'hélicoptère, leurs affaires sont à l'intérieur, l'avion est prêt. A la sirène, les mécaniciens posent l'échelle, l'équipage monte dans l'avion, les mécaniciens enlèvent l'échelle, retirent les dernières sécurités pendant que le pilote et l'équipage se harnachent. Les moteurs se mettent alors en route, l'avion roule et décolle.
Si nous voulons gagner du temps en raison des indices dont nous disposons, l'avion est alors contraint d'attendre. En effet, dans le cas de figure d'une situation critique qui semble se développer, nous ne souhaitons pas faire décoller l'avion trop tôt avant d'avoir procédé aux vérifications nécessaires.
Nous pouvons mettre en alerte les équipages sous deux minutes. Ils sont assis, attachés dans l'avion, le pilote prêt à appuyer sur le bouton du démarreur. De sept minutes, nous passons à deux minutes suivant les avions. L'avion le plus long à décoller est le Rafale, un excellent avion, dont les capacités sont phénoménales, mais dont la mise en route est plus longue : il faut trois minutes en raison de la présence de deux moteurs. En général, nous abaissons grandement les délais de réaction. Quand on est dans le feu de l'action, c'est quasiment instantané : l'équipage est dans l'avion en deux minutes. Le temps de deux ou trois coups de téléphone, l'avion est dans les airs.