Intervention de Général Philippe Adam

Réunion du jeudi 17 mai 2018 à 9h00
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

Général Philippe Adam :

À quel moment est-on sûr de faire face à une agression terroriste ? Au moment de l'impact ! C'est désolant, mais dans bien des cas, c'est ainsi que cela se passe et c'est ce qui s'est produit le 11 septembre. Je pense que la disparition des avions des écrans a été notée, mais personne n'a su ce que les terroristes voulaient faire jusqu'au moment où l'avion s'est écrasé. Nous savons désormais que le mode d'action existe ; si cela se reproduisait, peut-être serions-nous un peu plus prudents et arriverions-nous un peu plus rapidement à une prise de décision, mais, comme vous le relevez, elle est extrêmement difficile s'agissant d'un avion civil. Même si elle n'est pas très claire, la Convention de Chicago n'encourage pas la destruction d'un appareil civil. C'est ainsi que les Allemands ont fait le choix constitutionnel de ne jamais tirer s'ils devaient être confrontés à une telle situation. Peut-être, à la suite d'un premier impact, modifieraient-ils leurs règles. Mais, pour l'heure, ils ont fait le choix d'appliquer strictement les règles internationales et la Convention de Chicago. Le reste relève de l'appréciation de situation. Nous sommes extrêmement interconnectés, le travail est interministériel et la décision ultime, sur un cas comme celui-là, serait prise par le Premier ministre qui a la responsabilité de la chaîne. Sur un cas aussi précis que celui que vous évoquez, il n'y aura pas de délégation de la décision.

Reprenons le scénario que vous évoquez de façon concrète. L'avion survole la France, il suit son plan de vol ; brutalement, il quitte sa route, ne répond plus à la radio et se dirige vers Flamanville. Il est détecté. Nos intercepteurs sont là. Il commence à descendre. Sommes-nous sûrs qu'il s'écrasera sur Flamanville ? Sans éléments supplémentaires, nous ne le saurons jamais. Pour autant, cela n'empêche pas de prendre la décision.

Selon la procédure que nous avons déroulée, pendant que le Mirage décolle pour intercepter l'avion, qu'il essaie d'entrer en contact avec l'équipage, de comprendre ce qui se passe, qu'il nous transmet des renseignements, que nous cherchons à comprendre ce qui a pu se produire au moment de l'embarquement, du décollage, que nous recherchons des éléments qui ne nous auraient pas été signalés, nous essayons d'obtenir les informations qui nous amèneraient à conclure qu'il se passe quelque chose. Le scénario le plus simple, c'est que l'avion soit détourné, que le terroriste prenne le micro et nous annonce ce qu'il veut faire, mais il ne faut pas trop compter dessus – même si l'on peut soit douter de sa sincérité, soit penser qu'il va prendre peur et que nous allons arriver à le convaincre de ne pas passer à l'acte. Bref, nous allons tenter quelque chose. Nous attendrions donc assez longtemps avant de l'abattre. Pendant tout ce temps, il faut expliquer au Premier ministre ce qui se passe pour lui permettre de prendre sa décision. Et tout cela dans le temps dont nous disposons et qui peut être potentiellement plus court que les dix minutes évoquées.

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