Intervention de Dominique Potier

Séance en hémicycle du mercredi 23 mai 2018 à 15h00
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

Je formulerai trois remarques pour contribuer à ce débat passionnant.

La première est que nous sommes tous impuissants à régler la contradiction d'une production qui n'a peut-être pas su l'anticiper ni la régler. Aujourd'hui, plus de 40 % de nos produits relèvent d'organisations de producteurs dénommées coopératives, organisations plutôt verticales de la production dans la filière, qui transforment et, très souvent, commercialisent nos produits. Face à la fragmentation de l'offre, on vise à créer des organisations de producteurs plus horizontales. Il y a une vraie contradiction : la moitié environ des produits sont difficiles à fédérer localement tandis que les autres s'inscrivent dans une autre logique commerciale. Cette désunion, cette incapacité à articuler l'organisation verticale et horizontale des producteurs est l'une des faiblesses de l'agriculture française. Nous n'avons en la matière aucune leçon à donner à la profession ni à personne. C'est une question que nous n'avons pas anticipée dans la loi et sur laquelle il conviendra de mener une réflexion politique et stratégique si nous voulons vraiment unifier les producteurs face aux transformateurs.

Deuxième élément : le producteur qui n'est pas inscrit dans une coopérative et que nous voulons regrouper dans de grands bassins d'AOP étant très attaché à sa liberté, la contradiction entre liberté et solidarité peut se résoudre en considérant que l'AOP constitue un filet de prix minimums dans le cadre d'un contrat que nous espérons tripartite, comme nous le dirons tout à l'heure. Cette démarche laisse, à l'intérieur de ces AOP, toute liberté à des groupes pour aller chercher des marges de qualité et d'innovation qui permettent de tirer les prix vers le haut. Il ne s'agit donc pas d'un tassement vers le bas : il faut un prix plancher – tel est le but de l'AOP – , puis il faut aller chercher de la valeur par des initiatives individuelles.

Dernière réflexion : nous parlons de la constitution d'AOP depuis la loi Le Maire et en avons énormément parlé à propos de la loi Sapin 2, mais la question est de savoir si nous le ferons ou non. Vous savez bien, monsieur le ministre, que, si vous ne levez pas les leviers des piliers 1 et 2 de la PAC – la politique agricole commune – , comme cela a été fait dans certains secteurs de l'organisation des marchés, rien ne se passera.

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