Intervention de Dominique Potier

Séance en hémicycle du vendredi 25 mai 2018 à 21h30
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Article 11

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

Il y a une privatisation de la norme culturelle dans le domaine alimentaire. Nous devons y veiller, car cela revient à confier les clés à la puissance privée. Il nous faut retrouver le sens de normes publiques simples, qui ne soient pas des exigences rigides pour les paysans ou les gestionnaires de cantine mais leur fixent des objectifs en leur laissant la capacité de trouver des solutions adaptées. Une agriculture intégrée, faisant appel à des solutions intelligentes et souples sur le plan local, est une meilleure réponse que la production normative.

Surtout, la norme publique doit reconquérir le terrain perdu : c'est le sens des amendements que nous défendrons sur la haute valeur environnementale, invention du Grenelle qui peut servir à nommer, dans le cadre des États généraux de l'alimentation, l'ensemble du processus que nous appelons de nos voeux. En le certifiant de façon publique, nous lui donnerons une force, ce qui n'enlèvera rien, bien au contraire, à la liberté d'entreprise.

Le deuxième aspect de la puissance privée qui peut s'avérer néfaste est celui de la publicité. Je ne sais si quelqu'un peut me donner un chiffre, et je serais heureux de l'avoir, mais je fais le pari que, sur 1 000 euros investis dans la publicité et la propagande privée, il n'y en a pas un pour l'information et l'éducation. Cette société incapable de réduire la part de la communication privée pour redonner toute sa place à l'espace public, lieu de discernement sur la qualité et sur la santé, est une société qui abandonne les plus fragiles de ses membres à des problèmes de santé publique majeurs.

Enfin, 8 millions de Français vivent en dessous du seuil de pauvreté. Pour ma part, je suis fier de vivre dans un territoire qui expérimente, avec ATD Quart Monde au niveau national, des groupements d'achat et une démarche éducative destinée aux publics les plus fragiles, pour qui la banque alimentaire et l'assistance ne sont pas des réponses définitives. La capacité à se prendre en main, à reconquérir la qualité, à la maîtriser et à la négocier soi-même, tels sont les objectifs de cette expérience. Celle-ci nous a aussi permis de mesurer, en termes comptables et publiquement, que dans un hôpital, tous les personnels de santé et même une partie des patients peuvent contribuer à la lutte contre le gaspillage et, par là même, à leur bien-être.

Tel est notre état d'esprit : tendre vers une nourriture de toutes les qualités et vers une seule santé, et faire confiance dans la liberté d'entreprise et d'initiative, moyennant des normes publiques qui garantissent que l'on va dans le bon sens.

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