Intervention de Adrien Quatennens

Réunion du jeudi 6 juillet 2017 à 9h40
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAdrien Quatennens :

Nous arrivons au terme de l'examen, par notre commission, du projet de loi d'habilitation à prendre par ordonnances les mesures pour le renforcement du dialogue social. Ce titre dénote de belles intentions mais le contenu du texte est en parfaite contradiction avec celles-ci, puisqu'il nie l'existence de rapports de force dans l'entreprise – même si, j'en conviens, la vie en entreprise ne se résume pas à cela. Il est regrettable que le premier acte politique de cette commission soit celui-là. Aucun de nos amendements n'aura trouvé grâce à vos yeux. Votre inflexibilité est totale. La flexibilité ne doit, de votre point de vue, pouvoir s'appliquer qu'aux seuls salariés.

Beaucoup, ici, n'ont pas l'air de s'en rendre compte, si j'en crois leur faible réactivité pendant nos débats, mais ce qui se joue là est absolument historique. Réalisez donc qu'en moins d'une semaine et dans un cadre contesté par beaucoup, vous assumez de bouleverser tout l'ordre juridique et social de ce pays en permettant au Gouvernement de légiférer par ordonnances sur à peu près tout, sans les formes d'un débat parlementaire qui aurait pourtant été nécessaire. Vous êtes « en marche » et ne cessez de le répéter : pour nous, le plus important n'est pas de marcher mais de déterminer la direction. Je redis ici qu'à part le Medef et les représentants de quelques intérêts particuliers défendus par le Gouvernement, personne n'attend ce projet de loi qui, de notre point de vue, est contraire à l'intérêt général qui, seul, doit être la boussole de notre action politique.

L'habilité de M. Macron et de votre majorité consiste à blinder la vitrine d'artifices et de postures communicantes pour faire passer des lois d'une dureté absolue. Mieux vaut une droite qui s'assume que vos trompe-l'oeil pour appliquer en définitive les mêmes politiques. Emmanuel Macron, c'est le renouveau sans changement. Les personnages ont changé, les costumes aussi, mais le scénario demeure : il s'agit de poursuivre les politiques de droite libérale appliquées depuis plus de quinze ans, quelle que soit l'étiquette politique de ceux qui les défendent et alors même que ces politiques ont fait la démonstration de leur inefficacité. Il est urgent de relancer l'activité de ce pays sur d'autres bases que la politique de l'offre à laquelle vous continuez de souscrire.

Il y a dans ce pays, une urgence démocratique – le niveau d'abstention atteint lors de ces élections législatives en témoigne. Il y a une urgence sociale quand la France compte neuf millions de pauvres et que, dans le même temps, nous détenons en Europe le record du nombre de millionnaires et de dividendes versés. Il y a une urgence écologique qui permettrait de créer des emplois sur d'autres bases que celles du détricotage que vous vous apprêtez à opérer. Il n'y a aucune raison valable de faire ce que vous faites et encore moins de le faire d'une manière telle que les Françaises et les Français ne puissent pas disposer du temps nécessaire pour se saisir de ces enjeux dans de bonnes conditions.

L'histoire retiendra que votre marche consiste à piétiner des siècles de lutte. Le pire est qu'il n'est pas certain que vous en soyez bien conscients. Qu'à cela ne tienne, pour nous qui sommes l'alternative à ce que tout ce que vous représentez, le combat continue. Il ne fait d'ailleurs que commencer.

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