Je n'ai pas déposé d'amendement de suppression de l'article, et je le regrettais. Je voterai donc celui de M. Jégo, même si je ne l'aurais sans doute pas déposé pour les mêmes raisons que lui.
Mon objection n'est pas la même. L'expression « part significative de matières d'origine végétale » risque, à mon sens, d'ouvrir la boîte de Pandore ; les interprétations peuvent être multiples. Il y a des précédents : pour les steaks hachés, à l'origine, la réglementation prévoyait un maximum de 5 % de graisse. Petit à petit, on est passé à 10 %, puis à 15 %, pour répondre aux exigences des entreprises comme McDonald's. Une « part significative », je ne vois pas très bien ce que c'est.
Il y a un point, en revanche, sur lequel je ne serai sans doute pas d'accord avec notre brillant collègue Yves Jégo. À mon sens, il faut de la transparence : la viande, c'est de la viande. Autant on peut imaginer de parler de rillettes, de carpaccio et autres pour différents produits, autant parler de viande pour un produit dans lequel sont introduites des matières végétales me paraît une dérive. Cela pourrait porter atteinte à l'originalité et aux qualités de ce qui est vraiment de la viande.
N'oublions pas non plus que les productions d'origine végétale posent aussi des problèmes : la déforestation dans les pays d'Amérique du Sud ou ailleurs, le recours aux OGM puisque les produits peuvent venir de pays dans lesquels la culture des OGM est libre, ou encore la présence de pesticides. Ne laissons pas croire – j'entends cette petite musique – qu'il y a, d'un côté, l'éthique des produits d'origine végétale, et de l'autre, la méchante viande qui porterait tous les péchés.
Même si mes motivations diffèrent de celles de M. Jégo, je suis favorable à la suppression de l'article 11 sexies qui amène beaucoup de confusion.