Je soutiens l'amendement. M. le ministre nous répond qu'il ne faut pas aller dans le sens du protectionnisme. Or ce que propose M. Jumel, ce n'est pas le protectionnisme, c'est la souveraineté, c'est-à-dire la possibilité, notamment pour les pays du Sud, de mener la politique commerciale qui leur convient. Si celle-ci repose sur le libre-échange, laissons-les entrer dans des accords de libre-échange. Si celle qui leur convient sur le terrain suppose davantage de protection, qu'on les laisse libres de l'organiser !
Je suis sensible à cette question pour m'être entretenu, notamment au Burkina Faso, avec des interlocuteurs qui m'ont expliqué que, dans les accords commerciaux concernant l'Ouest de l'Afrique, ils avaient proposé des taxes douanières sur les produits agricoles, afin de développer certaines productions locales, comme le lait, en vue de la consommation locale.
Ils se sont heurtés à un lobby qui s'est monté autour des ministères burkinabés et des présidents de l'Ouest de l'Afrique, puis aux délégations de l'Organisation mondiale du commerce – OMC – et du Fonds monétaire international – FMI – ainsi qu'à celles de l'Union européenne, notamment à la délégation française, qui ont tout fait pour que les pays de l'Ouest de l'Afrique n'instaurent pas ces mesures de protection.
Je souhaite que ces pays aient la possibilité de mener la politique commerciale qui leur sied, qu'elle relève du libre-échange ou du protectionnisme. Laissons-leur le plus de marge de manoeuvre et d'autonomie possible pour mener la politique qui leur convient, au lieu de faire pression sur eux pour qu'ils se rangent à la politique dominante dans l'ordre économique mondial, laquelle ne convient pas nécessairement à des pays en voie de développement.