Intervention de Stéphane Travert

Séance en hémicycle du samedi 26 mai 2018 à 21h30
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Après l'article 11 undecies

Stéphane Travert, ministre de l'agriculture et de l'alimentation :

Le rapporteur vient de répondre précisément sur ces amendements. Pour ma part, je souhaite adopter une perspective un peu plus large, afin de répondre en même temps aux quelques questions qui m'ont été posées, notamment au sujet des accords commerciaux.

Vous avez raison, monsieur Benoit : par temps calme, il faut relever la tête pour essayer de voir la ligne d'horizon. Demain, les exploitants agricoles devront pouvoir investir davantage, innover et atteindre ainsi les objectifs qui se sont dessinés au cours des États généraux de l'alimentation, à savoir créer de la valeur, procéder à une montée en gamme et offrir à nos concitoyens une alimentation sûre, saine et durable.

Nous poursuivons les mêmes objectifs avec les accords commerciaux. La France, vous le savez, a fixé des lignes rouges, d'abord en fixant des contingents au sein de chaque accord – les 20 000 tonnes de viande dans le contrat avec le Mexique et les 100 000 tonnes éventuelles dans le contrat avec le Mercosur. Ces lignes rouges, nous les maintiendrons, puisqu'elles sont les garantes de la viabilité de nos filières.

Je répète que l'accord avec le Mercosur n'est pas encore signé. Lorsqu'il le sera, nous aurons encore six ans avant son entrée en application, au cours desquelles la filière pourra se préparer, au travers d'un plan de filière, que le Gouvernement accompagnera et contrôlera. Ce plan de filière reposera sur la montée en gamme, sur l'augmentation de la compétitivité, pour servir les marchés nationaux et la restauration collective et il veillera à ne pas opposer les modèles agricoles les uns aux autres.

Bien évidemment, ce Gouvernement est très attaché à la définition de l'agroécologie, telle qu'elle avait été portée par le Gouvernement précédent : une agriculture respectueuse de l'environnement, des consommateurs et soucieuse de réduire son empreinte environnementale.

Nous avons posé des garde-fous, que nous ne cessons de rappeler à nos partenaires, et nous restons vigilants face aux accords commerciaux. Cela ne nous empêche pas d'essayer de convaincre nos partenaires de l'Union européenne de travailler avec nous. Dans le cadre de la COPA-COGECA – comité des organisations professionnelles agricoles de l'Union européenne et comité général de la coopération agricole de l'Union européenne – , nous sommes une douzaine de pays à avoir décidé, il y a quelque temps, de résumer dans un document destiné au commissaire européen Phil Hogan les grands axes de progrès que nous envisagions pour la filière bovine.

La filière bovine doit consentir des efforts. Elle doit ainsi travailler sur la segmentation, la valeur ajoutée, l'export, ce qu'elle réussit particulièrement, depuis un an. D'ailleurs, puisque vous demandiez un bilan des actions réalisées, je rappellerai brièvement que, en un an, nous oeuvrons à la réouverture de la route de la Chine pour les exportations de viande de boeuf. Nous avons rouvert celle vers la Turquie pour les exportations de viande et de bêtes sur pied, celle vers l'Irak, également pour l'exportation de volaille. Nous avons rouvert d'autres marchés, par exemple celui du foie gras au Japon, de la pomme de terre au Vietnam. Je ne les citerai pas tous, mais nous menons une politique d'encouragement des filières pour exporter l'excellence. Les produits français ont une belle image au niveau international. Nous ne devons pas nous priver de ces exportations qui favorisent la compétitivité et nous permettent de dégager les marges dont nous avons besoin pour accompagner nos filières.

Nos filières sont également soutenues par le grand plan d'investissement, qui prévoit des aides pour les structurer, encourager la recherche, l'innovation, la numérisation des filières. Les filières peuvent également se saisir du plan Ambition Bio que nous avons mis en place, qui permet d'engager des démarches de progrès et de qualité.

Bien évidemment, je le répète, ces accords commerciaux retiennent toute notre vigilance. La France continue à pointer les difficultés qui pourraient en découler. Nous tenons la barre fermement. La Commission vient de publier ses propositions relatives au cadre financier pluriannuel. Je serai à Madrid jeudi prochain pour présenter, avec d'autres pays européens, un document de travail qui permette de refuser la baisse drastique et inacceptable du budget de la PAC.

Nous travaillons pour une agriculture prospère, une agriculture qui relève la tête, une agriculture qui soit fière de ses territoires, une agriculture dont nos agriculteurs, et les Français dans leur ensemble, puissent s'enorgueillir !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.