Intervention de Thierry Benoit

Séance en hémicycle du lundi 28 mai 2018 à 16h00
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Article 14

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Benoit :

Monsieur le ministre, monsieur le rapporteur, madame la rapporteure pour avis, je vous retrouve avec bonheur pour l'examen de cet article, qui est important. Laissez-moi vous interpeller directement, pour vous demander de faire preuve de la même vigilance que celle dont vous avez témoigné pendant le débat sur le bien-être animal. Sur ce dernier point, je dirai que les choses sont plutôt, je pèse mes mots, acceptables.

Sur la question des produits phytosanitaires, nous sommes bien sûr tous d'accord sur l'enjeu environnemental et de santé publique. Mais il en est un autre, que nul ne conteste d'ailleurs, à savoir la place de l'agriculture dans notre pays par les produits qu'elle met à disposition des consommateurs français, et au-delà la place de l'agriculture française en Europe et dans le monde.

J'ai senti, monsieur le ministre, dans le texte que vous avez présenté, comme dans les débats en commission, que vous souhaitiez vraiment resserrer la vis s'agissant des produits phytosanitaires.

Deux grandes difficultés ont été soulignées en commission. D'une part, qui paiera le conseil stratégique, ce conseil payant pour les agriculteurs, qui sera introduit dans chaque exploitation ? D'autre part, comment séparer la vente et le conseil des produits phytosanitaires, à l'image de ce qui se passe pour les médicaments vétérinaires ? D'ailleurs, dans la pratique, un vétérinaire, qui apporte son conseil, dispose des médicaments : tout se fait automatiquement.

Sur ce sujet d'importance, monsieur le ministre, nous avons besoin de vous pour que l'agriculture française continue d'être viable.

La question des produits phytosanitaires, comme celle du bien-être animal, me fait réfléchir à la situation que nous vivons depuis un an, date à laquelle vous avez lancé les États généraux de l'alimentation. À présent, nous pédalons à fond sur un texte qui doit être voté mercredi. Nous sommes dans une telle urgence que nous devons discuter la nuit, le samedi, le dimanche, voire les jours fériés, s'il s'en trouvait. Tout le problème de l'action publique aujourd'hui est de préparer l'après.

Je souhaite, monsieur le ministre, qu'à l'instar de votre prédécesseur, Stéphane Le Foll, vous privilégiiez l'anticipation et adoptiez une démarche visionnaire, que vous expliquiez à la fois aux agriculteurs, à la filière des produits phytosanitaires et aux consommateurs, où vous conduisez le pays.

J'espère que vous atteindrez cet objectif lors du débat sur l'article 14, mais en desserrant la vis, car je considère que ce texte va trop loin, qu'il est compliqué, notamment à appliquer, et qu'il n'atteindra pas forcément les buts que vous avez fixés. La grande partie des agriculteurs a compris qu'il faut se passer des produits phytosanitaires, qu'il faut moins d'intrants, pour produire les cultures et élever les animaux. Pour cela, il faut un peu plus de temps.

Notre rôle est d'anticiper, de préparer ce temps, de penser à l'après, non d'être dans l'urgence.

Monsieur le ministre, monsieur le rapporteur, je vous lance un nouvel appel : dans les heures où nous discuterons de ce sujet, nous aurons besoin de votre plus grande vigilance.

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