C'est l'agriculteur qui vous parle. Sur le sujet dont nous discutons, les agriculteurs ont entendu le message. Mais, pour qu'ils contribuent à le concrétiser, il ne faut surtout pas se lancer dans une guerre de tranchées – pour reprendre une expression qui vient d'être employée et que je n'apprécie pas. Il faut faire avec eux et les convaincre.
Les produits phytosanitaires présentent des inconvénients, mais n'oublions pas que, si on les utilise, c'est parce qu'ils ont apporté, à un moment donné, des solutions. Le jour où mon grand-père – il ne s'agissait pas de glyphosate à l'époque – a pu récolter un blé qui n'était pas envahi de mauvaises herbes, lesquelles n'étaient pas mûres en même temps que le blé, ce qui compliquait vraiment la récolte ; le jour où il est passé de quinze à vingt-cinq quintaux, où, cette année-là, il a pu gagner sa vie et celle de sa famille ; ce jour-là a été pour lui une révolution.
Avec tous les inconvénients qu'il peut comporter, le recours à ces produits a une histoire que l'on ne peut pas nier. Une forme de mémoire inconsciente se souvient à quoi ils ont servi. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas revenir sur leur usage ; mais il convient d'avoir ces éléments à l'esprit.
Ensuite, méfions-nous des fausses bonnes idées. Dans l'agriculture, rien n'est ou noir ou blanc.
Pourquoi l'agriculture de conservation, dont nous avons parlé hier, a-t-elle été instaurée ? En raison d'un phénomène de destruction massive de la matière organique dans les sols par l'action du labour. Or, dans l'agriculture biologique, cette action est très utile pour enfouir les mauvaises herbes et les graines afin que ces dernières ne germent pas. Le labour apporte donc des solutions aux problèmes posés par les mauvaises herbes, mais il présente des inconvénients eu égard à la matière organique. L'un ne s'oppose pas à l'autre. Quand on pratique l'agriculture de conservation, on utilise du glyphosate. Là encore, il faut peser les avantages et les inconvénients. Pour cela, appuyons-nous sur la formation et sur la recherche.
Parler ainsi, ce n'est pas remettre en question les problèmes posés par le glyphosate. Mais il y a d'autres produits classés cancérigènes probables, madame Batho.