C'est dire la place qu'occupe le logement dans les priorités des citoyens. Avec l'éducation et l'emploi, il fait partie des piliers de l'intégration sociale. Il est au coeur des préoccupations de nos concitoyens, en particulier des plus jeunes et des plus modestes.
C'est la raison pour laquelle le groupe GDR s'attachera à défendre pied à pied tout ce qui pourra être fait pour améliorer ce qui doit l'être et pour amoindrir les coups portés aux intérêts des plus modestes.
À ce stade, dans la discussion générale, je m'en tiendrai à quelques remarques sur la philosophie du projet de loi et sur le fond.
Avec les lois de ce Gouvernement ou les discours de cette majorité, nous sommes souvent obligés de nous livrer à du décryptage sémantique. Je m'y suis un peu essayé.
Pour cette loi, comme pour d'autres, vous parlez beaucoup de la mobilité. Pourquoi pas ? La mobilité est une bonne chose. Mais, en regardant de plus près la façon dont vous la traduisez dans les textes, on voit que le seul synonyme de la mobilité devient la précarité. Il y a une précarisation supplémentaire, en particulier des plus modestes.
Ensuite, vous parlez souvent de simplification. Qui peut être contre ? Mais quand on en regarde la traduction dans vos propositions, on ne voit pas de la simplification, mais de la dérégulation. Ce n'est pas la même chose. Ici, nous faisons la loi, la règle commune. Il y a donc un paradoxe à aboutir à un affaiblissement des normes, sous couvert de simplification. C'est par la norme et par la loi que l'on défend les plus pauvres.
On entend souvent parler aussi d'assignation à résidence. Personne ne doit être assigné à résidence, dites-vous. Bien sûr.
Mais il faut bien connaître les quartiers populaires ! J'y ai habite, j'y ai élevé mes enfants, qui sont allés à l'école publique. Sachez que lorsqu'une opération de rénovation urbaine a lieu dans un quartier HLM, si vous demandez aux habitants où ils veulent aller après la rénovation, 80 à 90 % d'entre eux répondent qu'ils veulent rester là. Parce qu'un quartier, ce ne sont pas seulement des difficultés urbaines ! C'est aussi des réseaux de sociabilité, d'amitié, c'est une histoire, une famille, de la solidarité ! Et lorsque vous n'avez pas grand-chose pour vivre, il n'y a rien de plus précieux que les réseaux de solidarité. Quand vous n'avez pas les moyens de vous payer une nounou, vous êtes content de pouvoir compter sur la voisine !
D'ailleurs, je fais remarquer qu'en 2003, lors de la canicule, de nombreux aînés sont décédés dans la solitude des grandes villes. Mais dans une ville comme la mienne, à Saint-Denis, la morgue de l'hôpital avait des disponibilités pour accueillir tous les anciens qui étaient décédés, seuls dans leur appartement, dans les quartiers huppés de Paris ! Parce que dans un quartier populaire, jamais on ne laisse un ancien, même si on ne le connaît pas bien, sans prendre de ses nouvelles lorsqu'on ne l'a pas vu pendant deux ou trois jours !