Je vous en prie, un peu plus de rigueur et de protections dans la loi !
Autre dérégulation : l'affaiblissement du pouvoir des maires, que l'on retrouve dans un certain nombre d'articles de la loi. Les maires n'auront plus d'avis à donner sur les ventes de HLM, on va leur retirer leur compétence en matière de permis de construire, au bénéfice de telle ou telle opération d'urbanisme… Bref, je ne vais pas énumérer ici toutes les amputations du pouvoir des maires.
De ces dérégulations, de l'affaiblissement du pouvoir des maires dans l'acte de construire s'ensuit une technocratisation. Car c'est bien ce dont il s'agit : les structures vers lesquelles ces pouvoirs sont transférés ne sont pas directement issues de la souveraineté populaire et du suffrage universel ; ce sont souvent des lieux de la technocratisation de la décision publique. Et tout cela, franchement, je le vis comme un immense retour en arrière.
Essayez d'analyser. Contrairement à ce que beaucoup de journalistes sans mémoire et sans culture écrivent sur les banlieues, l'urbanisme des barres et des tours n'est pas l'héritage laissé par des municipalités qui auraient voulu flatter un électorat populaire en le logeant : c'est ne rien connaître à l'histoire de ces barres et de ces tours ! Cette histoire, c'est en réalité De Gaulle et le préfet Delouvrier qui survolent la région parisienne dans un hélicoptère, et le premier qui dit au second : « Vous allez me mettre de l'ordre là-dedans ! »
Par quoi cela s'est-il traduit ? Par l'autoroute A1, qui a saigné la ville de Saint-Denis, coupé la Seine-Saint-Denis en deux et mis des quartiers populaires directement sous les gaz de la plus grande autoroute européenne. Par l'expropriation de milliers de gens, qu'on a considérablement maltraités. Par la construction de la Cité des Quatre Mille à La Courneuve. Jamais cette cité n'aurait été construite à l'initiative du maire de La Courneuve ou des élus locaux d'alors ! Mais à l'époque, il y avait deux ou trois cabinets d'architectes, qui allaient signer avec le ministre du logement des contrats pour la construction de milliers de logements… Et il n'y avait pas de plan d'urbanisme ! Le plan d'urbanisme qui faisait la règle, c'était le chemin de grue ! D'où les barres et les tours.
Revenir à un urbanisme centralisé, autoritaire et dérégulé, c'est donc laisser la porte ouverte à ce qui a mené, hier, à l'urbanisme des barres et des tours dont nous nous plaignons tant aujourd'hui. C'est seulement avec les lois de décentralisation de 1982…