Intervention de Yvon Laurent

Réunion du jeudi 17 mai 2018 à 10h15
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

Yvon Laurent, membre de l'association Ma zone contrôlée :

On a longtemps parlé du moins-disant et nous pensons que la pratique existe toujours. EDF s'en est toujours défendue, arguant qu'elle retenait le mieux-disant. EDF devait ajouter d'autres critères pour déterminer son choix. C'est ainsi qu'ont été ajoutés le nombre d'accidents du travail, le nombre d'événements significatifs pour la radioprotection (ESR), les événements significatifs pour la sûreté (ESS) ou les événements significatifs pour l'environnement (ESE).

Par ailleurs, un problème doit être traité : le nombre de déclenchements de portiques C2 et C3. À la sortie du site nucléaire et de la zone contrôlée, des portiques de contrôle détectent une éventuelle contamination vestimentaire, corporelle, voire interne. Ces appareils ont pour objet de préserver la santé, la sécurité du salarié et surtout l'environnement.

J'ai fait référence précédemment à Fukushima. Depuis Fukushima, un salarié qui sort d'une zone contrôlée et qui déclenche cet appareil de contrôle C2 est convoqué. Cela pour l'aspect positif. Il est convoqué par le centre de prévention EDF, par les responsables radioprotection. L'objet de cette convocation vise à définir le lieu sur lequel il a travaillé, le degré et les raisons de la contamination afin d'apporter des améliorations, ce qui est une bonne chose, mais si le salarié déclenche deux ou trois fois l'appareil dans le mois, il est convoqué, sanctionnable et sanctionné.

En zone contrôlée, les activités sont extrêmement pénalisantes, très difficiles à réaliser et nécessitent une formation, des compétences, un contrôle de soi-même et un respect des procédures de travail, d'habillage et de déshabillage. Je rappelle que nous travaillons avec des tenues spécifiques. Lorsque l'on s'habille ou l'on se déshabille en fond de piscine réacteur, on est exposé à être plus fortement contaminés.

Le cas s'est produit dans mon entreprise. Un salarié a déclenché à trois reprises le portique C2 dans le mois, il a été convoqué et sanctionné. Nous avons dénoncé le fait, j'ai lancé un cri d'alarme car il est anormal de sanctionner des salariés parce qu'ils ont déclenché des appareils de contrôle radiologiques destinés à préserver leur santé, leur sécurité et l'environnement. Ainsi que vous avez pu le relever, on impute toujours les faits au comportement du salarié, à sa mauvaise formation ou au fait qu'il n'a pas appliqué les procédures. Je rappelle simplement que nous ne sommes pas responsables de l'environnement dans lequel nous travaillons. Nous devons le préserver, se préserver et vous préserver, mais nous ne sommes pas responsables des conditions de travail dans lesquelles nous évoluons, pas davantage des procédures de travail qui relèvent du client EDF ou de l'entreprise sous-traitante.

Lors d'une réunion du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) qui s'est tenue sur le site de Paluel, un médecin du travail a déclaré que si l'on dénonçait les contaminations internes subies par les salariés plutôt que les déclenchements de portiques C2, nous connaîtrions une amélioration. Même si elles ne dépassent pas le seuil, les contaminations internes peuvent être mauvaises. Si l'anthropo-gammamétrie montre que l'agent n'a pas dépassé les valeurs, il repart travailler.

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