Intervention de Mathieu Escot

Réunion du jeudi 17 mai 2018 à 10h30
Commission d'enquête sur l'égal accès aux soins des français sur l'ensemble du territoire et sur l'efficacité des politiques publiques mises en œuvre pour lutter contre la désertification médicale en milieux rural et urbain

Mathieu Escot, responsable des études à l'Union fédérale des consommateurs (UFC)-Que Choisir :

Nous avons évoqué deux types d'aides : les aides de prise en charge des cotisations par l'assurance maladie et les aides spécifiques à l'installation.

Premièrement, pour nous, les aides doivent être résolument réorientées vers les médecins conventionnés en secteur 1. Ces médecins consentent un effort financier pour permettre un meilleur accès aux soins de la population. Si l'assurance maladie ou l'État réévaluent la rémunération des médecins – c'est au pouvoir public d'en décider –, pour nous, c'est à ces médecins-là qu'il faut donner cet argent, et non pas aux médecins conventionnés en secteur 2.

Deuxièmement, en ce qui concerne les aides spécifiques pour inciter les médecins à exercer dans des zones désertifiées ou sous-dotées, nous avons fait le bilan de deux dispositifs mis en place récemment, au début des années 2010. Les premières aides sont beaucoup plus anciennes, mais aucune n'a freiné le mouvement de désertification.

C'est pourquoi il nous semble qu'il faut avancer vers le conventionnement sélectif. Cependant, ce n'est pas parce que l'on introduit un peu de contrainte qu'il faut supprimer tout élément incitatif. En effet, les aides peuvent avoir une légitimité pour soutenir les médecins qui accepteraient de changer leurs pratiques, de donner de leur temps, voire même de s'installer dans les zones sous-dotées. Nous voulions simplement rappeler que les aides seules ne trouvent pas leur public, qu'elles sont mal conçues puisqu'elles créent des effets d'aubaine, qu'elles ne servent donc pas à grand-chose et gaspillent l'argent public. Cependant, si elles sont ciblées en direction du secteur 1 et des médecins qui acceptent d'aller dans des zones sous-dotées et si elles sont combinées avec des mesures plus fermes de conventionnement sélectif, elles sont légitimes.

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