Effectivement, dans le secteur du handicap, nous rencontrons cette difficulté, laquelle existe aussi pour la population dans son ensemble. En effet, certaines personnes ne sont pas accueillies dans des établissements ou des services médico-sociaux, de sorte qu'elles restent à domicile sans que personne ne s'occupe d'elles. Pour remédier à cette situation, nous avons décidé de sortir de nos logiques individuelles, selon lesquelles chacun prend en compte le budget et plus généralement la situation de son établissement, pour trouver une solution collective.
Nous avons ainsi mis en oeuvre la mission « Une réponse accompagnée pour tous », dont vous avez peut-être entendu parler, ainsi que des plans d'accompagnement globaux. Peut-être pourrions-nous mettre en place une solution de ce type pour les personnes qui peinent à trouver un médecin : réunir autour d'une table l'ensemble des acteurs concernés, comme par exemple les représentants du Conseil de l'Ordre, des centres de santé, les caisses primaires d'assurance maladie (CPAM), afin de trouver une solution concrète pour chacun. Aujourd'hui, ce sont les patients qui sont responsables de trouver un médecin. Il faut inverser la logique et considérer que c'est à l'autorité qui régule l'offre de soins sur un territoire que revient cette responsabilité.
Je réfléchis ici par analogie avec ce qui se fait pour le handicap dans le secteur médico-social et je suis sûre que l'on peut trouver des solutions. Ainsi, pour la personne dont je vous parlais tout à l'heure, qui, après avoir contacté 20 médecins, n'avait trouvé aucun médecin traitant, nous avons finalement trouvé une solution. Comment ? Au niveau local, notre association l'a accompagnée ; au niveau national, j'ai pu saisir le Conseil national de l'Ordre des médecins et la Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) ; nous avons trouvé une solution ensemble. Il faut vraiment sortir des logiques individuelles pour promouvoir une responsabilité collective.
Enfin, la télémédecine peut permettre d'améliorer la qualité des parcours de soins. En revanche, cela ne peut pas être une solution globale au problème des déserts médicaux car il y a toujours besoin de consultations, et plus généralement de présence. En outre, il est important de poser le cadre éthique de l'utilisation de la télémédecine, en sus des cadres technique et financier. Il faut rendre la télémédecine accessible à tous et qu'elle intègre les pratiques avancées des professionnels de santé. Ainsi, les établissements et services médico-sociaux sont de plus en plus nombreux à faire usage de la télémédecine. Par exemple, en Occitanie, une infirmière passe une caméra dans la bouche des résidents d'un établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et d'un établissement qui accueille des personnes polyhandicapées, ce qui permet de conduire une action de prévention. L'analyse des images a lieu au cabinet, et lorsqu'on constate une carie, on prend rendez-vous. Ainsi, on n'attend pas que la personne souffre parce qu'elle a des caries qui nécessitent des soins bucco-dentaires sous anesthésie générale à l'hôpital. La télémédecine ne se substitue donc pas à la relation humaine, qui est nécessaire et elle doit être accessible à tous.