Intervention de Serge Letchimy

Séance en hémicycle du dimanche 3 juin 2018 à 9h30
Évolution du logement de l'aménagement et du numérique — Article 29

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSerge Letchimy :

L'amendement de M. Lagleize est très important. Je conviens, madame la rapporteure, que nous nous sommes déjà longuement penchés sur le sujet en commission ; toutefois, ce n'est pas parce que la commission s'est prononcée que le débat ne peut plus avoir lieu démocratiquement dans l'hémicycle, d'autant que ce sujet est central. Une des grandes carences du texte concerne le transfert d'occupation et de propriété, puisque celui-ci implique, qu'on le veuille ou non, la gestion de la copropriété.

L'amendement prévoit plus qu'une information, une formalisation conventionnelle de ce transfert. Monsieur le ministre, vous devriez commander une expertise de la situation des copropriétés dégradées à la suite de ventes. J'ai donné hier un exemple : à Fort-de-France, 320 logements ont été vendus sur une durée très longue – il est plus long de vendre à des personnes physiques qu'en bloc à un organisme. Si l'inconvénient de la vente en bloc est qu'elle permet de se débarrasser du patrimoine collectif public, son avantage est de n'impliquer qu'un seul interlocuteur – cela dit, je suis opposé à la vente en bloc et j'ai même voté l'amendement visant à l'interdire.

Si vous ne prenez pas cette disposition, des copropriétés se dégraderont car les acquéreurs ne disposent pas de revenus importants, n'ont pas la culture de la copropriété et ne sont pas organisés. Vous ne pouvez pas imaginer le poids que peut représenter le financement des charges de copropriété dans un budget, surtout en l'absence de toute prévision. C'est pourquoi le caractère conventionnel de cette disposition me semble utile. Même si vous ne l'avez pas dit ainsi, madame la rapporteure, il me paraît insuffisant de devoir se contenter d'une simple information.

C'est la raison pour laquelle le débat précédent, portant sur la mise en application de la loi par le préfet ou le maire, m'a paru quelque peu surréaliste. Il faut savoir aller plus loin et ne pas laisser la place à des interprétations, sous peine, comme dans le cas que j'ai évoqué – celui de la cité Bon Air – , de voir l'État contraint de dépenser plusieurs millions d'euros pour réparer l'erreur qui a été commise au départ. Cet amendement a du sens car il permet de rendre plus opérationnel le texte, d'autant qu'il a été rédigé par d'anciens maires ou d'anciens conseillers généraux, qui connaissent le terrain et qui savent de quoi il retourne quand il s'agit de personnes bénéficiant d'une accession sociale sans être sortis de la spirale de la pauvreté qui les a conduits dans le secteur HLM.

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