Intervention de Jean-Christophe Lagarde

Séance en hémicycle du lundi 4 juin 2018 à 21h30
Évolution du logement de l'aménagement et du numérique — Après l'article 37

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Lagarde :

Cette succession des propositions émises par voie d'amendement après l'article 37, pour définir les publics qui doivent être considérés comme prioritaires, est frappante. Chacune des catégories citées est évidemment légitime pour obtenir un logement social, mais dans la vraie vie, cela ne se passe pas comme cela !

La victime de viol ou d'agression sexuelle, dites-vous, madame Ressiguier : quand vous la recevez, faut-il qu'il y ait déjà une condamnation, ou seulement une plainte ?

La plupart du temps, quand une femme vient demander un logement social – en tout cas au maire, pour les autres je n'en sais rien – , elle ne dit pas tout de suite qu'elle est victime d'agression sexuelle ou de viol. Dans un premier temps, elle essaye d'expliquer qu'elle a besoin d'un logement, que cela se passe mal dans la famille… C'est au bout d'un moment, à force d'échanger, que se révèle la vérité. Et cette vérité, elle n'est pas juridique : elle est humaine.

Chacune des catégories a, face à elle, un élu ou un gérant de patrimoine. Ce sont eux qui font le boulot. Je ne mets pas en cause l'État, mais – c'est ce que disait tout à l'heure M. Pupponi – , si l'État dispose d'un contingent important, il ne voit pas les gens ! J'ai déjà raconté avoir été obligé de reloger en urgence, en deux jours, une greffière du tribunal de Bobigny qui était en danger. L'État aurait dû la reloger, mais il en était bien incapable ! C'est le maire qui a dû agir.

On cherche des catégories. Bon. Que faites-vous face à une mère battue par son fils, qui non seulement veut un logement, mais ne veut pas que son fils – majeur, mais qui habite avec elle – sache où elle va ?

Toutes les intentions exprimées ce soir sont louables. Mais restons conscients qu'entre ce que nous écrivons dans la loi et la vraie vie, il y a une grande marge. Monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'État, votre administration cherche depuis des années à établir des critères ; sous Mme Duflot, il fallait même mettre des points. Mais les points, ce n'est pas la vie ! Avec des points, il y a des gens qui sortent des listes, alors qu'ils ont un besoin urgent d'une planche de salut.

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