Intervention de Christophe Castaner

Séance en hémicycle du mardi 5 juin 2018 à 9h30
Questions orales sans débat — Situation économique des ardennes

Christophe Castaner, secrétaire d'état chargé des relations avec le Parlement :

Monsieur le député, je sais votre attachement à ce territoire, votre territoire, dont les particularités, les souffrances sont connues de tous. Le département des Ardennes occupe déjà une place singulière du fait de son positionnement géographique. Sa situation frontalière avec la Belgique et sa proximité avec le Luxembourg ont des conséquences. Ce qui pouvait être un atout, une force pour ce territoire, le conduit à devoir relever certains défis, notamment en termes d'attractivité. S'il n'est pas utile de rechercher les responsables de cette situation, ce que vous ne faites pas, il est manifeste que nous n'avons pas su collectivement surmonter ces difficultés.

Une grande partie du département peine en effet, nous le voyons bien, à bénéficier de la prospérité des territoires voisins. À l'échelle des Ardennes, la restructuration de l'industrie, notamment de la métallurgie, a été impactée par les difficultés de l'automobile ces dernières années. Elle a eu des conséquences économiques et sociales extrêmement lourdes et humainement douloureuses : un taux de pauvreté très élevé, de 19,4 % contre 14,5 % au niveau national, et un taux de chômage de 11,3 %, bien supérieur à celui du reste de la région Grand Est.

Face à ce constat, depuis plusieurs années, l'État s'est engagé et, quels que soient les responsables politiques, une attention particulière a été accordée au développement départemental. D'importants investissements ont été consentis dans le cadre du contrat de développement économique des Ardennes mis en oeuvre entre 2007 et 2013, en réponse aux difficultés économiques connues par le département à la suite des crises sectorielles qu'il a subies, en particulier celles de la fonderie et de la métallurgie.

Ce fort soutien n'a pourtant pas permis d'atteindre la totalité des objectifs poursuivis, en particulier eu égard à l'attractivité économique et résidentielle. Ainsi, la réponse n'a pas été à la mesure des signes de fragilité économique, sociale et démographique que vous avez évoqués et qui perdurent.

N'en doutez pas, monsieur le député : le Gouvernement est à vos côtés et aux côtés de tous les élus pour progresser sur ce sujet. Nous devons placer au coeur de notre action l'intervention de l'État en faveur des territoires les plus fragiles. Cette priorité a été réaffirmée le 20 avril dernier, lors du conseil des ministres au cours duquel Jacques Mézard a évoqué notre travail d'accompagnement de plusieurs territoires : la Creuse, le bassin minier du Pas-de-Calais, mais aussi et tout particulièrement les Ardennes.

Le département des Ardennes fait donc l'objet d'une attention singulière dans le cadre du déploiement des différents dispositifs nationaux qui concourent à la cohésion des territoires. Les villes de Charleville-Mézières et de Sedan bénéficient du programme « Action coeur de ville ». À ce titre, elles sont accompagnées dans la définition et la mise en oeuvre d'actions susceptibles d'accroître l'attractivité et le dynamisme du pôle urbain.

À cela s'ajoutent d'autres dispositifs que vous avez évoqués.

Il est essentiel que, sur le fondement de ces différents mécanismes et des travaux existants, nous puissions accompagner les collectivités territoriales et les acteurs socio-économiques ardennais dans la définition et le déploiement d'un plan d'action concerté et partenarial. Il est également primordial que la détermination des modalités de cette action soit non pas décidée et pilotée par l'État, mais coconstruite avec l'ensemble des acteurs, au premier rang desquels les élus – ceux qui siègent dans cet hémicycle, ceux des collectivités locales – et le monde économique qui, aujourd'hui, résiste, veut se battre, et sur lequel nous devons nous appuyer. C'est ainsi que nous élaborerons ensemble une réponse adaptée aux exigences que vous avez énoncées.

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