Monsieur le Premier ministre, je voudrais, très solennellement et hors de toute polémique, lancer devant la représentation nationale et devant la nation tout entière, un cri d'alarme. Je veux faire prendre conscience que nous sommes confrontés, en Guadeloupe et à la Martinique, à une véritable extinction démographique. Si rien n'est fait, c'est à la disparition que sont promis, à terme, les peuples guadeloupéen et martiniquais.
En trente ans, la Martinique et la Guadeloupe auront perdu chacune 70 000 habitants, soit presque 20 % de leur population. Les jeunes de moins de trente ans n'y représentent plus que 16,5 % de la population, contre 18 % dans l'hexagone ; 50 % des jeunes sont au chômage ; deux jeunes sur trois qui quittent leur île de naissance pour étudier ou pour travailler ailleurs ne reviennent pas.
Ces chiffres sont ahurissants ! Ils signifient la fuite des cerveaux, la disparition de la force de travail, la chute, à terme, de la fécondité. En fait, la Martinique et la Guadeloupe ne seront pas capables, dans les dix ans qui viennent, de renouveler naturellement leur population.
À cela s'ajoute le vieillissement. Les plus de soixante ans représenteront, d'ici à vingt ans, 40 % de la population, et de 24 000 aujourd'hui, les personnes âgées de plus de quatre-vingts ans passeront à 52 000 d'ici à 2040.
Ce drame démographique a des conséquences multiples. Le désastre sanitaire des centres hospitaliers de Fort-de-France, de Cayenne et de Pointe-à-Pitre en est le témoignage le plus spectaculaire.
Monsieur le Premier ministre, quand ferez-vous germer, afin d'éviter ces catastrophes, une nouvelle politique de la jeunesse au service d'un développement et d'une nouvelle démocratie économiques ?