L'amendement mériterait une discussion plus longue. En parlant de PLAI, de plafond de ressources… on finit par désincarner le sujet. Mais, derrière les sigles, il y a des hommes et des femmes ; il y a des situations sociales.
Le PLAI, cela ne dit rien – en tout cas rien d'autre qu'un plafond de ressources en deçà duquel les personnes concernées vivent.
Pour donner un peu de chair à tout cela, je veux vous dire que ma commune compte 8 000 demandeurs de logement social, et que 88 % d'entre eux ont des ressources inférieures à celles demandées pour un PLAI. Nous vivons dans un pays où il y a 9 millions de pauvres ; le salaire médian est de 1 500 euros, c'est-à-dire que la moitié des Français vivent avec moins que cela.
En 2009, une ministre du logement, Mme Christine Boutin, a abaissé de 10 % tous les plafonds de ressources pour l'accès au logement social, déséquilibrant d'un seul coup tout le dispositif.
Je ne suis pas convaincu qu'en demandant, comme le fait cet amendement, l'instauration de plafonds, vous alliez dans le sens de la mixité sociale. S'il y a une cause que je me suis efforcé de défendre, avec d'autres, sur de très nombreux bancs, c'est bien celle-là ; or il me semble qu'ici vous faites fausse route. Votre amendement ne correspond pas à la réalité sociale de notre pays, à la réalité du salariat, des revenus, de la précarisation de l'emploi.
Bref, je ne sais pas si c'est un mauvais amendement pour un bon objectif – c'est la version soft – ou un mauvais amendement pour un mauvais objectif.