Intervention de Cédric Roussel

Séance en hémicycle du jeudi 7 juin 2018 à 9h30
Encadrement de l'utilisation du téléphone portable dans les écoles et les collèges — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCédric Roussel :

Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le président de la commission, madame la rapporteure, mesdames et messieurs les députés, cette proposition de loi, déposée par notre groupe – La République en marche – , vise à encadrer l'utilisation du téléphone portable dans les écoles et les collèges. Il s'agit, cela a été rappelé, d'un engagement pris par le Président de la République pendant sa campagne, que nous souhaitons mettre en oeuvre.

Tout d'abord, je tiens à préciser que cette proposition de loi s'inscrit dans une perspective bien plus large. Si son objet est d'encadrer l'utilisation du téléphone dans les écoles et les collègues, à l'exception des usages pédagogiques, ce texte est en effet indissociable d'un renforcement de l'éducation au numérique et d'un usage responsable d'internet et des réseaux sociaux.

Cet encadrement prend acte des enjeux de société cruciaux qu'induit l'utilisation par les enfants des téléphones mobiles. Selon une enquête publiée en 2016, les élèves de sixième passeraient six heures par jour devant un écran, quel qu'il soit – télévision, ordinateur, téléphone, tablette. L'usage du téléphone est démultiplié et la simple fonction d'appel est désormais désuète. Le smartphone sert plutôt à télécharger des applications, à naviguer sur le web, à prendre des vidéos et à discuter instantanément, via différents types de messagerie. Cela limite les activités essentielles liées au bon développement des enfants et des adolescents.

Je ne reviendrai pas sur les effets néfastes que cela peut avoir sur la santé, des troubles du sommeil jusqu'à l'amenuisement des capacités d'attention et de concentration. Vous avez vous-même insisté hier, monsieur le ministre, lors de la séance des questions au Gouvernement, sur le fait que l'usage abusif des écrans avant l'âge de 7 ans était très dangereux et pouvait notamment avoir un impact sur la concentration des enfants. Nous sommes donc persuadés que les élèves doivent bénéficier d'un droit à la déconnexion durant le temps scolaire, afin de favoriser les échanges entre eux.

Encadrer ce texte, c'est aussi répondre à des enjeux éducatifs et de vie scolaire. Le manque d'encadrement de l'usage du téléphone est à l'origine de mauvais usages du numérique, du fait que nos enfants sont trop souvent exposés à des contenus violents, voire pornographiques. Ils peuvent aussi être victimes de cyberharcèlement : un enfant filmé par un de ses camarades pendant un cours ou durant la récréation peut se retrouver sur les réseaux sociaux. Modestement, je vais me permettre de citer Albert Einstein : « Il est hélas devenu évident aujourd'hui que notre technologie a dépassé notre humanité. »

Pour autant, l'école doit enseigner les bons usages du numérique et apprendre à éviter les mauvais. C'est pourquoi nous devons permettre aux enfants de comprendre leur environnement numérique et leur apprendre à utiliser internet et les réseaux sociaux de façon responsable. En résumé, ce premier texte tend à limiter les effets négatifs, pervers, néfastes à l'école.

Je dis « premier texte », car il s'agit d'une première étape. Nous fixons ici les prémices. Dans un second temps, il sera pertinent que nous nous intéressions tous ensemble aux usages pédagogiques des outils numériques, qui sont une réelle opportunité dans les méthodes d'apprentissage. Il est indispensable de faire émerger et de structurer les nombreuses initiatives de pédagogie innovante qui sont aujourd'hui menées dans nos écoles. Il est essentiel de sensibiliser les élèves à l'usage du numérique et d'approfondir son enseignement. Ainsi, nous tirerons les enseignements de la mission d'information menée par le président de la commission des affaires culturelles et de l'éducation, Bruno Studer, relative à l'école dans la société du numérique.

Dans le cadre de cette mission, nous travaillons notamment sur la formation des jeunes, l'usage responsable de l'information numérique, la sensibilisation aux fake news et aux manipulations de l'information et, enfin, sur l'usage responsable des réseaux. Nous travaillons aussi à définir la place de l'école dans l'apprentissage des savoir-faire et la construction des savoir-être.

Cette mission, qui rendra ses conclusions au sortir de l'été, est destinée à réfléchir sur l'école de demain pour accompagner les équipes pédagogiques, les enseignants, les parents, mais surtout les élèves, souvent démunis face aux médias et aux outils numériques. Elle s'inscrit donc dans le prolongement de cette proposition de loi, qui entend favoriser un climat scolaire plus apaisé. Cette loi encadrant l'utilisation du téléphone à l'école est l'occasion d'une prise de conscience des bouleversements que provoquent les technologies numériques. Si l'encadrement pour les élèves est clair, un point fait débat au sein de l'opinion publique et donc, logiquement, au sein du Parlement : je veux bien sûr parler de l'extension de cet encadrement à la communauté éducative.

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