Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du jeudi 7 juin 2018 à 15h00
Lutte contre la manipulation de l'information — Motion de renvoi en commission (proposition de loi ordinaire)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Tel ou tel pourra ainsi s'opposer à sa hiérarchie, à sa chefferie, rompant ainsi avec la dictature qu'elles sont dans la plupart des médias – où il n'y a pas de conseil de rédaction, où les abonnés n'ont aucun pouvoir et où elle commande l'écriture ou les images même des sujets, indépendamment de ce qui se passe réellement. Alors, chaque salarié pourrait refuser de faire ceci ou cela parce qu'il n'a pas envie de se prendre un blâme qui, ensuite, le disqualifiera sur le plan professionnel.

L'Allemagne dispose également d'un même conseil depuis 1956. Il est composé de deux organisations de patrons de presse et de deux syndicats de journalistes, dans la tradition allemande de la social-démocratie. Il étudie 1 900 plaintes par an – il faut dire qu'avec des journaux comme le Spiegel, il y a de quoi faire toute l'année ! Il rend publics des jugements qui vont de la remarque à la réprimande – je dis le Spiegel parce qu'il a publié il y a peu la photo d'un spaghetti pour pendre les Italiens, attitude fraternelle qui mérite d'être connue.

Autres exemples : le conseil de la presse en Suède, créé en 1916 – ce n'est pas une nouveauté ! – , le conseil des médias en Finlande, créé en 1927, le conseil de la presse du Chili créé en 1991 – après la chute du tyran, chacun se rappelant du rôle lamentable, écoeurant, dégoûtant et criminel du journal Mercurio, qui avait passé l'essentiel de son temps à salir le pouvoir d'Allende et à appeler au coup d'État. Il existe aussi un observatoire togolais des médias, que nous pourrions, je pense, prendre pour modèle – pour une fois que ce ne serait pas dans l'autre sens… En Suisse, le conseil de la presse a été créé en 1977.

Pourquoi n'en voulez-vous pas ? Voilà pourquoi nous rejetons un texte : vous avez en effet assuré, dans une discussion antérieure, que vous ne vouliez pas d'une telle structure. Vous voulez bien le CSA, le Facebook, le Google ! Tout le monde donne son avis, mais les professionnels, les parlementaires et le public, non ! Pourquoi ? Que craignez-vous ? De quoi avez-vous peur ?

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